Analyse de la Nuit des Combats : Crawford et Madrimov à la Hauteur du Défi
Le samedi soir dernier, Terence Crawford et Israil Madrimov ont livré des performances remarquables, à un point tel que la seule critique valable que l’on pourrait faire à l’encontre de Crawford concernerait sa capacité à faire face à Saul "Canelo" Alvarez dans un futur affrontement.
Il convient de noter que, l’année prochaine, Madrimov semble offrir un éventail de compétences légèrement plus complet que Canelo, qui pourrait mettre la pression sur Crawford tout en manquant de la mobilité nécessaire pour esquiver les coups. Cependant, les catégories de poids jouent un rôle essentiel : la force de Canelo pourrait se révéler trop pesante pour Crawford, surtout lorsqu’on considère que ce dernier a parfois rencontré des difficultés face à l’intensité de Madrimov, malgré une belle prestation.
Un des défis auxquels sont confrontés de nombreux combattants d’Europe de l’Est réside dans le fait qu’ils accèdent rapidement au niveau professionnel en raison de leurs succès amateurs. Cela peut fragiliser leur notoriété, les propulsant ainsi sur la scène mondiale sans un véritable soutien populaire. Madrimov, même en perdant, a réussi à renforcer sa réputation, prouvant ainsi à tous son niveau exceptionnel. Dans ce combat, les deux boxeurs ont affiché un intelligence de combat de haut niveau, la rencontre étant si serrée qu’elle aurait pu se terminer sur un match nul.
Crawford n’est peut-être pas le combattant le plus puissant dans la catégorie des 70 kg, mais son intelligence dans le ring lui permet de rivaliser avec n’importe qui. À 36 ans, il évolue dans une division très concurrentielle, avec des prétendants tels que Tim Tszyu, Sebastian Fundora, Vergil Ortiz Jr., Serhii Bohachuk et encore Madrimov lui-même, tous promettant des combats captivants. Malgré des talents potentiellement inférieurs en poids moyen, passer à la catégorie des 76 kg semble un défi trop grand à ce stade.
Après sa victoire contre Errol Spence dans la catégorie des 66 kg, j’ai eu des difficulté à appréhender les discussions autour d’un face-à-face avec Canelo à 76 kg. Cela dit, je ne doute pas qu’un combat pourrait avoir lieu. Canelo est le favori face à Edgar Berlanga en septembre ; ce dernier a éprouvé des difficultés à s’imposer au niveau mondial et grimpe de catégorie. À moins que Canelo ne croise le fer avec des adversaires comme David Benavidez ou David Morrell, ses plus grands défis à 76 kg, les options s’amenuisent. Un affrontement entre Canelo et Crawford pourrait bien se concrétiser en mai 2025.
Si Crawford décide de rester dans la catégorie des 70 kg, ce qu’il devrait faire, il continuera à briller dans l’une des divisions les plus excitantes du monde. Le combat entre Ortiz Jr., favori léger à mon sens, et Bohachuk, lors de la même soirée, est suffisamment captivant pour que le perdant demeure un potentiel adversaire pour l’avenir. Tszyu, malgré sa coupure subie contre Fundora, ne devrait pas être écarté, et un match revanche avec Madrimov susciterait également beaucoup d’intérêt.
Dans la même soirée, Jared Anderson a été stoppé en cinq rounds par Martin Bakole. La rémunération d’Anderson, provenant d’une carte supervisée par des dirigeants saoudiens, a rendu son affrontement contre Bakole risqué mais potentiellement rémunérateur. Cela dit, Anderson n’a pas montré une progression évidente en tant que boxeur depuis sa victoire contre Charles Martin. On pourrait se demander si une perte de concentration ou un manque de compétences nécessaires à la montée en puissance ont eu des conséquences sur son évolution.
En dehors de son courage apparent, Anderson n’a montré que peu de choses. Il n’a pas été à la hauteur du niveau de Bakole et j’en viens à douter qu’il s’agisse simplement d’un problème de timing. L’absence de motivation contre des adversaires récents moins risqués s’est clairement manifestée dans ce combat, où il a paru complètement dépassé.
Sa subtilité était absente et il n’a pas su s’adapter à ce que Bakole lui proposait. Le combat a paru tellement facile pour Bakole que je suis désormais inquiet quant à la fusion de l’espoir américain d’avoir un nouveau champion poids lourd et de la réelle capacité d’Anderson à s’élever parmi l’élite.
Il est vrai que de nombreux boxeurs ont la capacité de rebondir après des défaites, mais pour Anderson, je ne vois pas de trajectoire vers le titre à court terme. S’il parvient à retrouver sa concentration, il pourrait encore signer des contrats lucratifs, mais je me demande combien de succès il pourra encore espérer.
De son côté, Bakole mérite amplement de rester dans la course aux grands combats, et avec la blessure de Andy Ruiz, Jarrell Miller pourrait constituer un adversaire idéal pour lui.