La retirement dans le monde de la boxe est clairement une science inexacte. Idéalement, chaque boxeur souhaiterait partir sur une victoire éclatante, préservant ainsi son invincibilité. Cependant, cette vision idéale est souvent réservée à quelques privilégiés comme Floyd Mayweather, Joe Calzaghe ou Andre Ward. La réalité est souvent bien différente.
Paradoxalement, même ce qui semble être un départ idéal peut comporter des pièges. La tentation de revenir sur le ring et de continuer à ajouter des victoires à son palmarès est immense, surtout lorsque les performances sont encore au rendez-vous. Il est difficile pour un boxeur invaincu de faire le deuil de sa carrière alors qu’il se sait encore capable de triompher et d’engranger des gains financiers.
En fin de compte, le départ le plus judicieux pourrait se situer à un moment où le boxeur est à l’apogée de sa carrière, mais commence à sentir que le déclin s’amorce. Autrement dit, le moment propice pour raccrocher les gants pourrait être celui où un boxeur prend conscience qu’il a perdu un peu de sa vivacité, sans pour autant que cela n’entraîne une chute brutale de ses performances.
Un exemple frappant de cette prise de conscience est le cas de Lennox Lewis. Après un combat contre Vitali Klitschko en 2003, il n’y a jamais eu de revanche, mais Lewis a choisi de quitter le ring sans attendre, heureux d’avoir terminé sur une note positive. Ce n’était peut-être pas son meilleur combat, mais dans le cadre de sa retraite, cette victoire, bien qu’imparfaite, c’était un message : un boxeur peut choisir de s’en aller alors qu’il est encore sur un nuage.
Pour Mairis Briedis, le boxeur letton des poids crusise, sa récente annonce de retraite faite hier (19 août) semble également marquer un moment de lucidité. Contrairement à Lewis, sa décision intervient après deux défaites lors de combats pour le titre mondial, face à l’Australien Jai Opetaia, un adversaire largement considéré comme l’avenir de la catégorie. Cependant, ces défaites, bien qu’impactantes, n’ont pas été humiliantes : Briedis n’a jamais été mis hors de combat, et son combat en mai contre Opetaia témoigne d’une performance solide.
À presque 40 ans, Briedis semble avoir trouvé son équilibre et sait quand il est temps de dire adieu. Sur les réseaux sociaux, le boxeur a partagé des mots touchants : “Chers amis, fans et proches, il y a 25 ans, je prenais le risque de mettre des gants pour la première fois, sans savoir que cela marquerait le début d’une carrière professionnelle. La boxe est devenue ma passion, ma carrière, et une grande partie de ma vie. Aujourd’hui, je prends une décision qui n’a pas été facile.”
Briedis a également exprimé sa gratitude : “Chaque combat, notamment ceux qui ont eu lieu en Lettonie, ont été spéciaux pour moi. J’ai toujours ressenti un soutien incroyable de mes pairs, ce qui m’a permis d’atteindre de nouveaux sommets. C’est le moment de dire au revoir au ring et d’ouvrir un nouveau chapitre de ma vie.”
Dans la fleur de l’âge, Briedis a prouvé sa valeur en offrant une lutte acharnée, notamment contre Oleksandr Usyk en 2018, où il a donné du fil à retordre au champion ukrainien. Il a glané plusieurs ceintures, notamment WBC, WBO et IBF, en battant des fighters notables tels que Marco Huck et Yuniel Dorticos. Même si ses deux défaites contre Opetaia peuvent sembler décevantes, elles devraient être perçues comme une alerte : le temps ne fait pas de cadeau. En comprenant qu’il est temps de s’arrêter tout en restant compétitif, Briedis montre une sagesse qui échappe souvent aux boxeurs. Reste à savoir s’il parviendra à vaincre le dernier adversaire de sa carrière : la tentation du retour.