Il est évident que Saul “Canelo” Alvarez n’est plus le boxeur d’antan, mais cette constatation n’est pas un jugement sévère. L’icône mexicaine demeure l’un des meilleurs combattants de la discipline et, sans conteste, une des principales attractions du sport.
À l’approche de son combat ce samedi, il est clair qu’il aurait pu opter pour un affrontement plus lucratif contre David Benavidez. Cependant, affronter Edgar Berlanga semble lui convenir tout autant sur le plan financier. Benavidez est un boxeur puissant, connu pour son volume de coups, mais Canelo n’a véritablement pas besoin d’un tel adversaire dans le ring. Cela dit, il ne faut pas penser qu’il redoute Benavidez ; plutôt, la soif de victoire et l’ambition qui caractérisaient son ascension sont aujourd’hui amplement différentes. À 34 ans, les motivations et l’ardeur de Canelo ont évolué.
Au cours de sa montée vers le sommet, Canelo a combattu 14 fois en super léger (70 kg), quatre fois en moyen (72,5 kg) et ses 11 derniers combats se sont répartis entre 76 kg, où il exerce sa domination actuelle, et 79 kg, où il a conquis une partie du titre contre Sergey Kovalev, avant de perdre face à Dmitry Bivol et d’effectuer un retour aux 76 kg.
C’est autour de 2010, en super léger, que Canelo a commencé à s’imposer, battant des adversaires tels que Ryan Rhodes, Matthew Hatton, et Louie Ndou. Toutefois, son élan fut interrompu par une défaite par décision face à Floyd Mayweather. Il retrouva rapidement le chemin de la victoire contre James Kirkland, Miguel Cotto et Amir Khan. Les statistiques de CompuBox montrent qu’à l’époque, Canelo touchait 17,8 coups sur 39,4 par round, avec un taux de 50 % pour ses coups puissants.
Parmi ses moments marquants, il a eu des difficultés face au Cubain Erislandy Lara et a su tirer parti de son poids contre Amir Khan, ancien champion des 63,5 kg. En montant en catégorie, il a dominé Julio César Chavez Jr., a livré deux combats âpres contre Gennady Golovkin, et a tenu tête à Danny Jacobs.
À 72,5 kg, Canelo était plus actif, lançant 45,8 coups par round avec un taux de réussite de 35,8 % (16,4 coups). Aujourd’hui, par rapport à ses précédentes performances, Canelo effectue moins de coups, avec une moyenne de 13,4 coups réussis sur 38,3 par round, soit moins de cinq coups par round que lors de ses combats en 72,5 kg. Son pourcentage d’efficacité de 35 % pour les coups globaux a également diminué, tout comme son nombre de coups puissants au sol : 9,7 pour 20,8 lancés, un vrai contraste avec ses 13,6 pour 27,2 en super léger.
Bob Canobbio, fondateur de CompuBox, résume bien la situation : “Moins c’est plus pour cette version de Canelo.” Il traduit cela par une similarité avec Bernard Hopkins, qui a réussi une carrière tardive exceptionnelle en passant à 79 kg après un recul significatif de son volume de coups tout en maintenant un haut niveau d’efficacité.
Tout comme Hopkins, qui était un tacticien défensif hors pair, Canelo a su capitaliser sur ses qualités de chef de file dans le ring. Son pouvoir de frappe lui permet d’imposer le respect à ses adversaires, tandis que sa vitesse et sa précision le rendent redoutable. Au 154, il était difficile pour ses adversaires de toucher même 25 % des 49,9 coups qu’ils lui lançaient. Bien que ce chiffre ait légèrement augmenté en poids moyen, ses derniers combats ont démontré qu’il reçoit moins de 10 coups par round, ses adversaires n’atteignant qu’une moyenne de 9,8 coups, soit 20,9 % de réussite.
Avec ces éléments, il est clair que Canelo, tout en évoluant, demeure un combattant redoutable et un acteur majeur de la scène de la boxe.