La rencontre tant attendue entre Dillian Whyte et Ebenezer Tetteh, prévue à Gibraltar, a suscité une certaine perplexité lors de son annonce. Ce 15 décembre, le combat a livré une performance qui a fait autant sourire que grincer des dents.
Dès le premier échange, les deux poids lourds ont semblé épuisés. Le public a assisté à un spectacle peu conventionnel : deux boxeurs en manque de condition physique, incapables de protéger leurs visages, encore moins de se déplacer, se sont retrouvés figés dans le ring. Pendant sept rounds, ils se sont astreints à envoyer des coups l’un à l’autre, plutôt que de se battre efficacement. Au bout de ce marathon d’épuisement, Tetteh a finalement décidé qu’il en avait assez et que s’acharner sur Whyte n’était plus un amusement.
Jusqu’à ce moment, les deux combattants semblaient prendre plaisir à cet affrontement atypique. Ils avaient clairement compris l’essence de ce match, trouvant en l’autre un semblable, délaissant toute idée de défense pour se concentrer sur l’opposition de leurs poings. Cette stratégie a engendré une multitude d’échanges sur le ring, et lorsque la fatigue s’est installée, dès la première moitié du premier round, il n’était pas rare de voir un ou les deux protagonistes faire semblant de travailler, même en balançant des coups peu puissants.
Dès le départ, ce combat révélait une certaine désespoir de la part des deux boxeurs. Tetteh, arborant un polo noir à son entrée sur le ring, n’avait jamais atteint le niveau de Whyte auparavant. Quant à Whyte, sa carrière, marquée par des transgressions aux règles antidopage, est désormais conduite par une volonté de récupérer un certain standing. À 36 ans, il sait qu’il ne lui reste que peu de temps pour prouver sa valeur. Ses tests de performance trahis ont non seulement compromis son match retour lucratif contre Anthony Joshua, mais lui ont aussi fait rater d’autres combats prometteurs au Moyen-Orient, devenu la terre d’accueil des poids lourds durant son absence.
Avec un bilan désormais de 31 victoires contre 3 défaites (21 KO), Whyte espère qu’il n’est pas trop tard pour tirer profit de son corps fatigué une dernière fois dans un grand combat. Sa victoire sur Tetteh, qui avait été stoppé par Daniel Dubois en moins d’un round, ne redynamisera pas sa confiance, ni n’importera beaucoup aux observateurs externes à son camp. Cependant, c’est là le cœur du problème : aujourd’hui, ce qui importe vraiment est que Whyte possède un nom et une certaine notoriété, même controversée, ainsi qu’une activité sur le ring. Avec le temps, lorsque les gens auront oublié ou n’accorderont plus d’importance à ses écarts, il pourrait redevenir un bien à moitié commercialisable, idéal en tant qu’outsider pour une nuit arabe de combats.