Le combat tant attendu entre Ryan Garcia et Rolando Romero, prévu le 2 mai, a finalement capté l’attention des amateurs de boxe, même si la nouvelle n’a pas fait que des vagues face aux nombreuses annonces entourant Saul « Canelo » Alvarez et ses potentiels adversaires pour 2025. Dans l’univers de la boxe, la domination des gros titres par d’autres actualités a fait que ce choc est passé un peu inaperçu.
Au cours de la semaine écoulée, on a notamment parlé de la polémique entre Gervonta Davis et Lamont Roach Jnr, ainsi que du spectacle à Times Square pour la trilogie Garcia-Romero. La création d’une ligue de boxe impliquant Alalshikh, Dana White de l’UFC, et la société mère de l’UFC et de la WWE a également alimenté le débat, de même que le troisième affrontement entre Katie Taylor et Amanda Serrano, qui sera diffusé sur Netflix cet été.
Cependant, c’est lorsque la WBA a publié mise à jour de ses classements qu’on a vu Garcia et Romero se placer respectivement au 2ème et 3ème rang des welters, un mois après avoir été totalement absents des classements à 66,6 kg. Cette situation est d’autant plus surprenante que Romero n’avait même pas obtenu un rang aussi élevé chez les juniors-légers, figure n°8 en janvier 2024, après avoir perdu son titre WBA contre Isaac Cruz en mars. Sa seule apparition sur le ring depuis lui avait permis de gagner à l’unanimité face à Manuel Jaimes, un boxeur peu connu avec un palmarès de 16-1-1, en septembre.
Quant à Garcia, il n’a pas été classé par la WBA depuis un an, sa dernière apparition dans le classement le situant 4ème chez les juniors-légers en janvier. Après avoir signé pour défier Devin Haney pour la ceinture WBC, la WBA avait retiré Garcia de sa liste, probablement en raison de sa suspension suite à un contrôle positif au dopage après son combat controversé avec Haney.
La présence de Garcia et Romero dans le classement WBA, à un tel niveau, n’est malheureusement pas une surprise dans ce sport, particulièrement pas avec une organisation comme la WBA, connue pour ses controverses et son histoire d’hésitations réglementaires.
À l’instar de nombreux organismes de réglementation, la WBA n’est pas la seule à permettre à des combattants jugés non méritants de se disputer un titre. Ils ne sont pas les seuls à ajouter des « babioles » à leurs titres principaux ; ce combat se joue pour leur soi-disant ceinture « régulière », tandis qu’Eimantas Stanionis est le champion principal chez les welters.
La WBA, depuis longtemps critiquée pour l’excès de titres, continue de faire des promesses de réduction des ceintures. Gilberto Mendoza, le président de la WBA, avait confirmé en 2021 la volonté de réduire le nombre de titres : « Cette flexibilité que nous avons eue avec les championnats, nous allons la voir diminuer progressivement. » Cependant, malgré ces promesses, le nombre de champions a continué de grimper. À la fin de 2024, 26 titres étaient en circulation, certains poids lourds comptant jusqu’à trois détenteurs de ceintures.
Pour donner une idée de la situation, la WBC, par exemple, compte seulement 24 titulaires, alors que la WBO en a 21 et l’IBF 15. Ces chiffres témoignent d’une inflation des titres au sein de la WBA, où les ceintures intermédiaires sont revenues et le nombre de champions la rend difficile à suivre.
En matière de combinaisons financières, le combat Garcia-Romero représente également un gain potentiel important pour la WBA. Les deux combattants devront s’acquitter de frais de sanction de 3 % de leurs bourses, ce qui pourrait rapporter à l’organisation plus d’un million de dollars si les gagnants continuent à rivaliser dans des combats ultérieurs. Ces frais ne couvrent pas tous les autres coûts que la WBA impose aux boxeurs, promoteurs et gestionnaires.
Malheureusement, le sport n’a pas besoin de ces titres supplémentaires pour captiver les fans. Pourtant, la WBA continue de prospérer grâce à cette politique de création de ceintures. Mendoza, lorsqu’il parlait d’« évaluer les finances », faisait allusion à ces titres qui constituent une source majeure de revenus.
La boxe est en pleine mutation. Son avenir dépend de la capacité des organes de réglementation à s’adapter, notamment face à l’émergence de nouvelles ligues. Lors du prochain événement majeur à Times Square, il ne faut pas oublier que Lopez défendra sa ceinture WBO ainsi que les championnats lineaux contre Barboza, un combat suscitant des critiques car Lopez est largement récompensé malgré ses nombreuses controverses.
Ainsi, le combat principal met encore en lumière des protagonistes comme Garcia, qui est honoré après des déclarations honteuses, tandis que Romero, lui, est récompensé pour son absence d’action, et la WBA se régale de cette opportunité dans la grande pomme. Il ne fait aucun doute que cette dynamique soulève des débats sur la direction future de la boxe et des responsabilités des fédérations.