Dans les coulisses du monde de la boxe, la situation d’Artur Beterbiev est devenue préoccupante. Le champion incontesté des poids lourds légers, qui a su réunir quatre ceintures, a appris mercredi qu’il devait affronter un adversaire obscur sous peine de perdre son titre de la Fédération internationale de boxe (IBF). Moins de 100 heures après sa victoire par décision majoritaire sur son compatriote russe et ancien champion de la WBA, Dmitry Bivol, Beterbiev, au palmarès de 21-0 (20 KO), doit se mesurer à Michael Eifert, un boxeur allemand peu connu affichant un bilan de 13-1 (5 KO).
Une question se pose alors, comme l’a fait remarquer un représentant de Top Rank, le promoteur de Beterbiev : « Qui est Michael Eifert ? ». À seulement 26 ans, Eifert est néanmoins parvenu à se hisser en tête des classements IBF en battant l’ancien champion Jean Pascal en mars 2023, puis en stoppant en seconde reprise le peu médiatique Carlos Eduardo Jimenez (13-6) en août.
Actuellement, Beterbiev, âgé de 39 ans, pourrait envisager des combats de prestige, comme un match revanche contre Bivol, ou même un affrontement contre le champion super-moyen récemment incontesté, Canelo Alvarez. Bob Arum, le président de Top Rank, a d’ailleurs exprimé son intention d’organiser une rencontre avec le manager et entraîneur d’Alvarez, Eddy Reynoso, en décembre prochain lors du combat pour le titre de super-plume opposant Oscar Valdez, un boxeur de Reynoso, à Phoenix.
Dans ce contexte, Davis Benavidez, invaincu avec un palmarès de 29-0 (24 KO) et champion intérimaire WBC des poids légers, se positionne également en tant que challenger obligatoire pour Beterbiev. L’IBF, de son côté, revendique le statut d’Eifert comme challenger obligatoire, ce qui soulève des inquiétudes sur l’incapacité de cette organisation à favoriser le maintien de champions incontestés. En effet, on se souvient qu’elle avait récemment permis à Daniel Dubois de prendre la place d’oleksandr Usyk, le prodige des poids lourds, peu après sa victoire sensationnelle contre Tyson Fury.
Par ailleurs, Arum ne cache pas son indignation face à ces dérives, soulignant que des règlements comme celui-ci nuisent à l’essence même de la boxe. « Ces organisations détruisent vraiment le sport en n’autorisant pas les boxeurs à rester incontestés. C’est vraiment triste », déclare-t-il. Arum suggère que les instances organisatrices devraient collaborer pour déterminer les adversaires des champions, car après être devenus incontestés, ces boxeurs devraient avoir la liberté de choisir leurs combats.
Todd DuBoef, président de Top Rank, a ajouté que son équipe a œuvré sans relâche pour amener ses boxeurs vers la position incontestée parmi les quatre grandes organisations de boxe. Malheureusement, il semble que cette quête soit souvent entravée par des obligations de défense qui leur échappent, rendant la tâche d’unification difficile.
Il a également comparé la dynamique actuelle à celle du football, où de grands athlètes évoluent dans plusieurs ligues. L’équivalent d’une Coupe du Monde en boxe, où un champion incontesté émergerait tous les quatre ans, semble être un rêve lointain.
La propension de l’IBF à imposer des combats obligatoires émerge de scandales de corruption passés, mais les règles du classement de l’IBF sont jugées obsolètes. Arum a posé une question fondamentale : pourquoi appliquer des règles qui empêchent les champions incontestés de bénéficier de la reconnaissance qu’ils ont gagnée par leur performance ? Selon lui, les autres organisations, comme la WBO ou la WBC, comprennent ce que signifie être champion incontesté. Artur Beterbiev ne devrait pas être contraint à une confrontation avec un Eifert qu’il pourrait facilement mettre KO, d’autant plus qu’il a de bien plus lucratives opportunités qui l’attendent.