Dans le monde du sport de combat, la qualité d’un produit finit généralement par s’imposer. Cependant, dans le court terme et surtout lors d’un lancement, c’est souvent le marketing et le branding qui prennent le devant de la scène, reléguant parfois la qualité au second plan.
L’étiquette des “Quatre Princes” a été habilement utilisée en référence aux légendaires Sugar Ray Leonard, Roberto Duran, Marvin Hagler et Tommy Hearns. Toutefois, ces jeunes lutteurs ne peuvent être considérés que comme de simples princes, combattant dans des catégories de poids inférieures à celles des véritables rois de leur temps, sans avoir encore pris possession des plus hauts sommets de la boxe. Tels des aspirants, ils semblent pourtant prêts à conquérir le trône.
Le marketing a encore une fois démontré sa puissance avec cette appellation percutante. Cependant, cette question de qualité de produit ne saurait être ignorée. Quatre combattants, chacun possédant son propre palmarès, ne peuvent être qualifiés d’échecs. En effet, trois d’entre eux ont été présents sur les listes des meilleurs boxeurs toutes catégories confondues, deux ont été titrés champions en ligne, et tous ont touché des gains à sept chiffres.
Néanmoins, un événement récent a mis à mal ces couronnes. Le match controversé de Gervonta Davis face à Lamont Roach Jr. a laissé une marque sur le dossier de chacun des Quatre Princes. Cette rencontre a révélé des failles au sein du groupe, chaque combattant ayant maintenant un accroc dans son palmarès.
Le premier à avoir perdu son “0” fut Teofimo Lopez, après un bouleversement inattendu face à George Kambosos Jr. en novembre 2021. Lopez a démontré son talent, mais s’est également retrouvé avec quelques décisions discutables lors de ses cinq combats depuis cet événement marquant.
Ryan Garcia a été stoppé par Davis en avril 2023 dans leur affrontement, sans que cela ne reste une honte. En revanche, son combat suivant face à Devin Haney a entraîné un maximum de désillusions : une victoire temporaire accompagnée d’un contrôle antidopage positif qui a transformé son succès en no-contest, le conduisant également à une suspension d’un an.
Bien que Devin Haney conserve un palmarès impeccable, avec 31 victoires en 32 combats, une étoile d’interrogation apparaît à côté de son nom à cause de ce no-contest. Ce dernier pourrait très bien être considéré comme sa deuxième défaite, si l’on considère également un combat controversé contre Vasiliy Lomachenko qui a pris une tournure favorable pour lui.
Quant à Davis, il naviguait jusque-là à 30-0 avec 28 KO et sans scandale à son actif, jusqu’à ce que le combat avec Roach ne fasse surface. La rencontre, jugée par Eric Marlinski à 115-113 pour Davis, et par Steven Weisfeld et Glenn Feldman à 114-114, a laissé plusieurs observateurs sur leur faim, estimant que Davis avait eu de la chance de s’en sortir avec un match nul.
Il est également à noter que la décision de l’arbitre Steve Willis dans le neuvième round a eu un impact sur le résultat, n’ayant pas sanctionné un knokdown lorsque Davis est tombé au sol, lui permettant ainsi de bénéficier d’une pause inespérée.
Alors que les autres Princes s’apprêtent à participer à un événement de grande envergure à Times Square le 2 mai prochain, la contre-performance de Davis a soulevé des interrogations. Se pourrait-il que ce combat, initialement supposé facile, soit celui qui a fait chuter le dernier Prince debout ?
Il est indéniable que la compétition pour le titre de roi des 61 kg est féroce. Depuis le moment où Mulvaney a désigné ce groupe, des boxeurs tels que Shakur Stevenson ont commencé à entrer en scène. Keyshawn Davis a récemment captivé les foules avec ses performances, tandis que Lomachenko, bien qu’appartenant à une génération différente, reste un adversaire solide. Il y a également d’autres prometteurs comme Richardson Hitchins et Gary Antuanne Russell, qui éclipsent progressivement les Quatre Princes.
Le groupe initialement présenté par Mulvaney comme les Quatre Princes pourrait finalement être mémorisé comme une version d’un héritage dont l’imposante stature reste à confirmer.
Un des enseignements majeurs du combat entre Davis et Roach est que la compétition est implacable : même les superstars doivent saisir les plus grands combats lorsqu’ils se présentent, car un combat jugé anodin pourrait coûter cher. Bien que la décision de match nul n’ait pas gravement terni l’image de Davis, la perception qu’il ait été surpassé lors de son dernier affrontement pourrait poser problème. En effet, le boxeur a désormais besoin d’une revanche contre Roach, non seulement pour restaurer sa réputation mais aussi pour redorer son blason dans un contexte où le marché de la boxe évolue rapidement.
Pour conclure, avec un bilan de 30-0-1 pour Davis, 21-1 pour Lopez, 24-1 avec un no-contest pour Garcia et 31-0 avec un no-contest pour Haney, tous ont vu leur statut entaché. Cela survient sans que de véritables combats de “Prince contre Prince” aient eu lieu, contrastant avec les “Quatre Rois”, qui ont su s’affronter à plusieurs reprises. Il semble qu’il soit temps de redéfinir le concept de prince moderne dans cette équation boxistique, car les prétendus princes pourraient bien ne pas avoir les attributs d’un règne glorieux à venir. Le monde de la boxe attend avec impatience de voir s’ils peuvent un jour s’élever au rang de légendes incontestées.