Le Lien Indéfectible : Ali et Foreman, une Mémoire Eternelle
Aujourd’hui, nous commémorons un moment historique : il y a exactement 50 ans, Muhammad Ali et George Foreman se confrontaient dans le ring en Afrique, inscrivant leurs noms à jamais dans l’histoire du sport. Deux champions olympiques américains, Ali et Foreman, liés par leur passé commun, leur foi profonde et une rivalité légendaire.
Tout a commencé dans ce fameux combat du "Rumble in the Jungle", où Ali, considéré comme le joueur le plus vulnérable avec ses cotes de 4 contre 1, s’est lancé dans un affrontement à la fois physique et psychologique. Avec son jeu de jambes exceptionnel et une stratégie audacieuse du "rope-a-dope", il a réussi à déjouer la puissance destructrice de Foreman, qui avait déjà mis hors de combat des adversaires tels que Joe Frazier. Après avoir encaissé des coups pendant plus de sept rounds, Ali a déclenché une offensive qui a envoyé le colosse Foreman au tapis pour de bon au huitième round.
La victoire d’Ali a été bien plus qu’une simple réussite sportive. Elle représentait aussi une forme de rédemption pour le boxeur, qui avait été banni du ring pendant trois années charnières en raison de son refus de servir durant la guerre du Vietnam. Cette lutte contre l’injustice sociale avait coûté cher à Ali, mais ce soir-là, il a prouvé que ses sacrifices valaient la peine. C’est d’ailleurs après cette victoire mémorable, suivie par une autre légendaire contre Joe Frazier dans le cadre de leur trilogie, qu’il a été couronné meilleur athlète du siècle.
Pour Foreman, cette défaite a laissé des marques profondes. Une coupure au-dessus de l’œil subie lors des sparring a perturbe sa préparation, l’obligeant à subir de longs mois de tensions mentales exacerbé par les provocations d’Ali. Le champion, connu pour ses frappes fulgurantes, a vu son endurance mise à l’épreuve dès les premiers rounds. Comme l’a décrit Caplan, un observateur averti : « Je pouvais déjà voir George commencer à s’épuiser. » La défaite a assombri sa carrière pendant des années et a fait naître en lui une réévaluation spirituelle profonde après une éprouvante défaite contre Jimmy Young en 1977.
Les années qui ont suivi ont été marquées par la transformation de Foreman, qui à 27 ans a décidé de quitter le monde de la boxe pour se consacrer à la prédication. Ce chemin spirituel lui a apporté sérénité et bonheur, une illumination qui l’a conduit à faire des choix de vie radicaux. Vent dans le dos, il a fini par retrouver le chemin des rings dans un retour fulgurant en 1987, presque une décennie après sa retraite. À 37 ans, il pesait 121 kg pour un premier combat victorieux avant de s’illustrer dans une série de combats qui l’ont conduit jusqu’à un titre mondial en 1994, faisant de lui le champion poids lourd le plus âgé de l’histoire.
Ce retour a été célébré comme l’un des plus grands come-back de l’histoire du sport. Caplan souligne l’exceptionnalité de Foreman : « Aucun athlète d’élite n’a jamais été retraité pendant 10 ans, a fait un retour et a ensuite rivalisé au niveau du championnat. » Le 5 novembre 1994, Foreman a fait tomber le champion Michael Moorer avec un coup de poing magistral, illustrant à quel point il avait su transformer ses échecs en succès.
Ali et Foreman, avec des parcours si différents, ont forgé une amitié durable, renforcée par des années de respect mutuel, allant jusqu’à partager des moments intimes, comme l’a révélé Caplan lors de la remise des oscars pour le documentaire "When We Were Kings", où ils ont été honorés ensemble. Leurs vies ont été exaltées par des longs métrages, témoignant de leur impact dans et en dehors du ring.
À 75 ans, Foreman vit paisiblement avec sa femme au Texas, continuant de partager des anecdotes sur ses combats, sur son ami Ali qui lui a tant appris, et il demeure une figure emblématique du sport, prouvant que le véritable esprit de lutte ne s’éteint jamais.