L’Uzbekistan s’apprête à entrer dans une période faste de son histoire boxistique, avec la première défense du titre de junior poids super mi-moyens d’Israil Madrimov face à la star incontestée Terence Crawford. Parallèlement, plusieurs boxeurs uzbeks s’illustreront lors des Jeux Olympiques de Paris, où ils visent la médaille d’or.
Bien que l’Uzbekistan, nation d’Asie centrale et ancienne république soviétique limitrophe de l’Afghanistan, puisse sembler méconnu pour certains, il a progressivement émergé comme un producteur de médaillés et de champions en boxe. Lors des Jeux Olympiques de Rio 2016, l’Uzbekistan a remporté trois médailles d’or, un moment charnière pour le pays. Son histoire olympique a débuté en 1996 aux Jeux d’Atlanta, où le boxeur Karim Tulaganov a décroché la première médaille pour sa nation avec une médaille de bronze, après avoir perdu en demi-finale contre David Reid. Quatre ans plus tard, Mahammatkodir Abdoollayev a fait vibrer le drapeau uzbek en remportant l’or à Sydney dans la catégorie des poids légers welters.
Les Jeux de Rio 2016 ont véritablement propulsé l’Uzbekistan sur la scène boxistique mondiale, avec des victoires de Hasanboy Dusmatov (poids mouches légers), Shakhobidin Zoirov (poids mouches) et Fazliddin Gaibnazarov (poids légers welters) sur les plus hautes marches du podium. Shakhram Giyasov et Bektemir Melikuziev ont également brillé, remportant respectivement des médailles d’argent, tandis que Rustam Tulaganov et Murodjon Akhmadaliev ont ajouté des bronzes à la collection nationale.
Cependant, ces athlètes rencontrent des difficultés à s’imposer dans le monde professionnel. Récemment, Giyasov a combattu à Los Angeles lors d’un match préliminaire, en marge de la promotion du combat Crawford-Madrimov. Gaibnazarov, quant à lui, a été défait par Mykal Fox en 2019 et n’a pas été vu à la télévision américaine depuis. En 2021, Melikuziev a subi un violent K.O. face à Gabriel Rosado, bien qu’il ait pris sa revanche par la suite. Akhmadaliev, bien que plus en forme, a vu sa quête de titre chez les juniors poids plumes interrompue par Marlon Tapales en 2023, ce qui lui a coûté une chance de lutte contre Naoya Inoue.
Même Israil Madrimov, bien que décoré, a rencontré des obstacles. Son passage chez les professionnels a débuté par une victoire impressionnante contre Vladimir Hernandez lors d’un combat de 10 rounds, un début rare contre un adversaire de haut niveau. Toutefois, la pandémie a freiné sa lancée; après avoir combattu cinq fois en 15 mois, il n’a fait que six apparitions en trois ans.
Ses combats face à Michel Soro ont également entravé sa progression. Après un arrêt au combat contre Soro en 2021 en Ouzbékistan, un incident controversé a conduit à un rematch. Bien que le TKO soit toujours valide, celui-ci s’est terminé par un match nul technique en raison d’un coup de tête. Prévu pour se battre à nouveau contre Soro, Madrimov a été devancé par Magomed Kurbanov, ce qui a permis à ce dernier d’obtenir un combat pour le titre vacant des poids juniors mi-moyens de la WBA, que Madrimov a remporté avec brio en stoppant Kurbanov au cinquième round. Néanmoins, cette série de combats a coûté à Madrimov plus de deux années de progression et de potentiel de gains.
Lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2020, l’Uzbekistan a limité son succès à une seule médaille d’or, celle de Bakhodir Jalolov chez les super lourds. Actuellement, quatre des onze boxeurs olympiques uzbeks sont encore en lice, tous garantissant au moins une médaille de bronze, tandis qu’Israil Madrimov, quant à lui, s’approche des sommets de sa carrière.
Cette période de deux semaines pourrait bien s’avérer décisive dans l’histoire de la boxe ouzbèke, avec ses athlètes en compétition à des niveaux d’excellence tant amateurs que professionnels.
La superstar incontestée de la boxe ouzbèke était sans conteste Ruslan Chagaev, double champion des poids lourds. Artur Grigorian, champion des poids légers dans les années 1990 et 2000, figure aussi parmi les grands noms du pays. Mais l’Uzbekistan attend toujours son véritable champion d’envergure. Parmi les compétiteurs encore en lice à Paris, plusieurs ont le potentiel pour devenir cette star, à moins qu’Israil Madrimov ne parvienne à réaliser un exploit retentissant face à Crawford samedi.
Lucas Ketelle est un fier membre de la Boxing Writers Association of America et auteur de “Inside The Ropes of Boxing” (disponible sur Amazon). Contactez-le sur X @LukieBoxing.