NEW YORK – Un Duel Intérieur pour Gervonta "Tank" Davis
Dans l’univers tumultueux de la boxe américaine, Gervonta "Tank" Davis s’impose en figure éminente. Cependant, derrière le visage du champion, une bataille intérieure fait rage. À l’aube de sa confrontation avec Lamont Roach, champion WBA des super plumes, au Barclays Center de Brooklyn, Davis a exprimé son désir de prendre une retraite prolongée, bien plus longue que la pause habituelle de 4 à 6 mois entre les combats.
À 30 ans, avec déjà trois enfants à sa charge, cet athlète de Baltimore, détenteur de titres dans trois catégories de poids, peine à imaginer une pause alors qu’il est à l’apogée de sa carrière. Lors d’une conférence de presse où il a pris le temps de répondre aux questions pendant plus d’une heure, Davis a partagé ses réflexions sur la pression constante qu’il ressent.
« Je vieillis… J’ai vu un post [sur les réseaux sociaux] de [l’ancien receveur de la NFL] Antonio Brown, qui parlait de comment il a tout donné à son sport, mais qu’il a perdu la tête en le faisant », a déclaré Davis. Cette vérité résonne en lui : « On demande toujours ‘Que va-t-on faire ensuite ?’ jamais ‘Ça va, comment tu te sens?’ »
Davis sait pertinemment que sa déclaration de vouloir prendre du recul peut être interprétée comme une manière d’éviter certains combats. Pourtant, ce raisonnement semble injustifié quand on examine ses statistiques. Avec un impressionnant pourcentage de 93 % de KO, il reste l’un des combattants les plus redoutés, utilisant une approche stratégique malgré un faible volume de coups lancés par round.
Calvin Ford, co-entraîneur de Davis, a souligné cette situation complexe en rapportant les mots de son dernier adversaire, Frank Martin : « Il sait comment trouver les coups. » Davis, avec un palmarès de 30 victoires et 28 KOs, a fait preuve d’une lucidité remarquable sur le potentiel de ses futures confrontations, notamment contre Ryan Garcia, Shakur Stevenson ou encore Vasiliy Lomachenko, un souhait qu’il espérait exaucer avant que la vie ne le rattrape.
Interrogé sur l’affrontement qu’il désire le plus, Davis a répondu avec détermination : « Tous! Je n’ai peur de personne. Ce sont de grands combattants, mais je sais ce que je peux faire. La plupart de ceux qui disent pouvoir me battre m’ont regardé depuis qu’ils sont gamins. Je n’ai jamais eu peur. »
Pourtant, il se retrouve à jongler avec la nécessité d’une pause. « Je vais d’abord prendre du recul, pour mieux gérer mes affaires. Je peux contrôler la boxe, mais tout ce qui l’entoure… Il s’agit de grandir en tant que personne. J’ai juste besoin de temps pour moi – pour évoluer. Puis, j’espère que dans six mois ou un an, je pourrai revenir et combattre. »
La réflexion sur sa carrière a débuté lors d’une conférence de presse où il est arrivé en retard, évoquant sa frustration face à la pression. Davis souhaitait combattre Lomachenko, mais ce dernier a choisi de prendre du temps pour lui, poussant Davis à se tourner vers Roach, moins redouté.
Davis a fait appel à Barry Hunter pour l’assister, et lorsqu’il est revenu à l’entraînement, Hunter a engagé la conversation. « Quand j’ai vu la conférence de presse à D.C. – sa posture, son expression, sa façon de parler – c’était différent. J’ai dit : ‘Je comprends. Les pressions du métier, celles de la famille, des amis…’ »
L’une des expériences marquantes pour Davis a été son investissement dans des logements abordables pour sa communauté, dont certains ont brûlé à Noël. Cette épreuve a ajouté à son fardeau. Hunter a déclaré : « Pensez-y une seconde, ce que cela lui fait. C’est comme grimper dans la boue. La vie à Baltimore, la vie en ville, c’est difficile. Ce qui est incroyable chez [Davis], c’est qu’il a été forgé par cette réalité, et c’est pourquoi il se bat si fort. »
Hunter pousse Davis à accepter son besoin de repos, affirmant qu’une pause pourrait être bénéfique. « Prends du recul. Si tu ressens la même chose après ça, il sera temps de penser à la retraite », a-t-il conseillé.
Davis reconnaît que son statut pourrait lui valoir des combats lucratifs à l’avenir, mais pour l’instant, il est temps de souffler. « J’aimerais voir ces combats. Moi et Ryan à nouveau, et même un affrontement avec Inoue », a-t-il affirmé avec enthousiasme. « Mais, pour l’instant, je dois me concentrer sur moi et mes enfants. »
En fin de compte, le chemin est encore long pour Gervonta Davis. Sa récente discussion avec les journalistes l’a soulagé, lui permettant de se projeter sereinement vers l’avenir, conscient que sa carrière doit s’inscrire dans une dynamique d’équilibre personnel. « J’ai besoin de me calmer et de me concentrer. Ça fait trop longtemps que je fais ça. Ce n’est pas la boxe qui sera ma thérapie, c’est le temps que je vais prendre pour moi », a-t-il conclu.