Dans le monde du sport de combat, il est perplexe de constater que, malgré les risques physiques associés à la boxe, de nombreux athlètes éprouvent une véritable addiction pour ce sport. En théorie, se faire frapper au visage et au corps par des athlètes rigoureusement entraînés pourrait sembler être une activité aliénante, pourtant, la réalité nous prouve le contraire. Les boxeurs prennent souvent leur retraite tardivement, et ce, quel que soit leur niveau de compétence. Si même Muhammad Ali, malgré sa grandeur, n’a pas pu se retirer à temps, qu’en est-il des autres ? On pourrait penser que plus de boxeurs prennent exemple sur Sunny Edwards, qui, à seulement 28 ans, a admis que le sport avait eu raison de lui.
Cependant, beaucoup de combattants ressentent toujours cet appel irrésistible à retourner sur le ring. En 2004, Lennox Lewis, avec sagesse, a évoqué l’idée de quitter la boxe en déclarant : « Dois-je remonter sur le ring pour un dernier combat ?… Mais j’ai réalisé que c’est la drogue du sport. Il y a toujours un dernier combat et quelqu’un à affronter. » En 2024, à 58 ans, il confiait encore à Donald McRae du Guardian : « Je considérerais à 100 % lutter à nouveau. » Ce besoin compulsif continue de ronger même ceux qui en perçoivent les dangers.
Quand il s’agit de prendre leur retraite, les boxeurs ne se laissent souvent pas guider par les conseils de leurs entraîneurs. Tyson Fury, qui demeure actif au niveau élite après une carrière jalonnée de combats difficiles, n’a pas écouté sa femme, Paris, ni lui-même. La boxe possède une sortie claire – arrêter la boxe – mais les chemins qui y mènent sont souvent semés d’embûches. L’attrait financier et l’adrénaline de faire son entrée sur le ring pour un grand combat sont puissants. L’identité d’un combattant, souvent leur unique identité, est toujours à portée de main, prête à être recasée comme un vieux gant de boxe usé.
Comme on le sait, la boxe présente des risques physiques graves. Laisser les boxeurs à leur propre sort après leur retraite est imprudent ; ils sont susceptibles de vouloir revenir. Mike Tyson est un exemple révélateur : le monde du sport a toujours ces structures qui préfèrent exploiter les combattants plutôt que de les protéger. Si on laisse le ridicule s’installer, cela devient vite une réalité.
Préparer sa retraite pendant une carrière de boxe peut sembler incompatible avec le besoin de se concentrer sur chaque combat, mais il est crucial que les athlètes soient prêts pour la fin de leur parcours. Même des boxeurs qui s’en vont au bon moment, comme Andre Ward – une rareté dans le milieu – évoquent la difficulté de garder une distance avec le monde de la boxe. À 40 ans, Ward a récemment évoqué une possible rencontre avec Jake Paul, témoignant des défis permanents.
Il existe des organisations qui se préoccupent du bien-être des boxeurs retraités, mais elles laissent souvent à désirer. Le California Professional Boxer Pension Fund offre un soutien financier aux boxeurs de plus de 50 ans, mais n’informe pas toujours suffisamment ceux qui en ont besoin. L’IBF a lancé en 1993 le Special Assistance to Retired Boxers Fund pour aider les combattants retraités, et le WBC dispose du Jose Sulaiman Boxers Fund, qui vise à offrir un soutien complet, y compris des ressources en santé mentale et des programmes de mentorat.
Cependant, ce soutien psychologique semble clairement faire défaut à une échelle plus large. Si la boxe est une drogue, l’argent ne peut pas suffire à protéger les anciens combattants de cet effet dévastateur. Les boxeurs doivent être préparés pour leur retraite ; ils doivent savoir comment compenser l’absence de la boxe dans leur vie, disposer de systèmes de soutien et recevoir des limites claires sur leur retour éventuel sur le ring. Le débat sur le bon moment pour se retirer est permanent ; néanmoins, il est évident que Mike Tyson était déjà au-delà de cela.
Les boxeurs ont besoin de davantage d’assistance. Les combattants de haut niveau continueront d’être tentés par de grosses sommes d’argent, tandis que les athlètes moins connus reviendront pour des gains plus modestes. Il est donc impératif de leur donner des raisons de ne pas revenir. Cela nécessite un soutien psychologique constant pour les aider à résister à la nature addictive de ce sport, ainsi qu’à une aide pour s’intégrer professionnellement en dehors de la boxe. D’ailleurs, les commissions doivent absolument refuser d’autoriser les combats pour ceux qui n’ont pas leur place sur le ring. Enfin, la sécurité financière est essentielle. La boxe doit proposer ces services pour éviter que la retraite ne reste qu’une promesse éphémère pour trop de ses participants.