Début 2024, l’image de Lawrence Okolie était parfaitement claire, mais au fil de l’année, cette image a évolué, de façon surprenante.
Janvier nous rappelait un Okolie long et élancé, un boxeur pesant 101 kg qui, malgré des avantages physiques indéniables, semblait parfois entravé par ceux-ci. Son combat contre Chris Billam Smith, où il avait perdu sa ceinture WBO, laissait craindre qu’il aurait du mal à retrouver sa place dans un sport notoirement impatient et peu compréhensif.
Puis, la nouvelle est tombée : Okolie avait fait équipe avec Joe Gallagher, l’entraîneur de champions basé à Manchester, pour envisager une réinvention dans la catégorie bridgerweight. Cette nouvelle division, qui se situe 11 kg au-dessus de la catégorie des poids lourds intermédiaires, était encore en pleine expansion, mais pour Okolie, c’était surtout l’occasion d’un nouveau départ et de présenter une version améliorée de lui-même au monde.
Pour son premier combat en bridgerweight, Okolie a pesé 101 kg et a non seulement affiché une silhouette impressionnante, mais a également montré des capacités de combattant en stoppant Lukasz Rozanski au premier round en Pologne. En quelques minutes, ça y était, une nouvelle image d’Okolie était née : plus imposant, prêt à réaliser le potentiel qu’il avait toujours laissé entrevoir sans jamais vraiment le concrétiser.
Six mois plus tard, un nouvel Okolie a fait son apparition : il se disait maintenant poids lourd. À 118 kg sur la balance, certains l’ont qualifié de trop lourd, mais lors du combat, il a brillamment stoppé Hussein Muhamed, un Allemand de 1,95 m, en mode « première vitesse ». La facilité avec laquelle il a dominé son premier adversaire poids lourd a laissé les spectateurs perplexes, ne sachant pas s’ils se retrouvaient dans une situation absurde ou si tout faisait soudainement sens.
“Quand Lawrence m’a parlé du bridgerweight, j’ai pensé que c’était idéal, brillant,” confie son entraîneur, Joe Gallagher. “Il a toujours dit qu’il se sentait épuisé en poids cruiser et que ça le détruisait pour faire le poids.” Il a combattu Rozanski autour de 107 kg lors de ce combat, et les séances d’entraînement avaient montré qu’il pouvait gérer ces poids de manière convaincante. “Il avait l’air sensationnel, il était grand, droit, et sa sélection de coups était bonne,” ajoute Gallagher.
“Cherchez du côté d’Oleksandr Usyk, qui a pesé 101 kg pour son combat contre Tyson Fury,” rappelle Gallagher. “Il existe des poids lourds de différentes tailles.” Okolie avait tout fait en bridgerweight, la possibilité de combats unifiés était évoquée mais ne s’est pas concrétisée, alors après avoir vu comment il fonctionnait à 118 kg contre Rozanski, direction la catégorie supérieure.
Gallagher a aussi insisté pour qu’Okolie affronte un véritable poids lourd pour son premier combat, idéalement un homme de 81 kg. “C’était un bon amateur, un bon boxeur, et il apportait un certain facteur de peur.” Avant le combat, Gallagher a fait visionner à Okolie des combats de Lennox Lewis, soulignant l’importance de la bonne utilisation du jab.
La transformation d’Okolie au cours de l’année écoulée est impressionnante. Il est devenu un boxeur deux fois plus imposant, mais cette montée en poids a été un véritable exercice d’équilibre, car chaque boxeur a une approche différente de la prise de poids. Tandis que certains en ont besoin pour être performants, d’autres se trouvent ralentis, affectant leur réactivité.
À 21 victoires et une défaite, Okolie semble être un combattant pour qui « plus grand » est réellement synonyme de « meilleur ». Gallagher est ravi : “Il continue à s’entraîner avec la même intensité. Il pouvait faire du sprint à 81 kg comme à 82 kg avec un gilet lesté.” Malgré quelques critiques sur sa prise de poids, Gallagher souligne que des noms comme Tyson Fury ou Larry Holmes ne correspondaient pas à l’archétype du corps idéal.
Pour Okolie, qui cherche des combats lucratifs, sa montée en catégorie lourde est à la fois une décision sportive et financière. Il se retrouve désormais entouré de prospects de renom désireux d’atteindre les mêmes sommets financiers au Moyen-Orient.
“Nous cherchons un gros combat en avril,” assure Gallagher. “Nous surveillons l’évolution de la division des poids lourds et regardons où se dirige Fabio Wardley avec la WBA et Moses Itauma avec la WBO.” Okolie, en bonne position avec le WBC, pourrait bientôt se retrouver challenger et vise de grands noms comme Deontay Wilder ou Joe Joyce pour son prochain affrontement.
Si Okolie réussit son premier test en avril, le projet est de réclamer une chance pour un titre mondial, probablement celui du WBC. Gallagher anticipe même une période de chaos similaire à celle des années 80, avec des champions d’horizons divers et des ceintures possédées par plusieurs boxeurs.
Il va de soi que l’avenir d’Okolie semble prometteur, mais sa véritable mesure viendra avec la pression et les enjeux de la catégorie lourde. Une évolution perpétuelle, comme l’histoire même de la boxe, reflétant le caractère changeant mais fondamental du noble art.