Les revanches dans le monde de la boxe, bien qu’elles ne soient pas systématiques, sont souvent le fruit de l’excitation des fans désireux de revivre des combats marquants. Cette envie peut résulter d’une controverse, qu’il s’agisse d’un score litigieux ou d’une fin de combat discutable, ou simplement du fait qu’un premier affrontement a été si palpitant et disputé qu’il serait dommage de ne pas le voir se renouveler.
Quelles que soient les raisons, il est indéniable que les rematches sont des événements que les amateurs de boxe attendent avec impatience, souvent accompagnés d’une pression supplémentaire que le premier combat n’avait pas. En effet, nous avons désormais une idée précise de la manière dont les deux boxeurs se comporteront dans le ring, de leurs mouvements, et des enjeux en jeu. Nous avons également une meilleure vision de ce que l’on peut attendre une fois que les premiers coups de poing commencent à pleuvoir, aussi précise que cela puisse l’être dans un sport comme la boxe.
Cependant, lorsque le déroulement d’une revanche s’écarte de ces attentes, cela peut être choquant. Nous arrivons avec des anticipations bien définies, pour découvrir une réalité bien différente, comme si le scénario, longtemps préparé, s’était effondré.
Ce phénomène de surprise a été particulièrement illustré le samedi 12 octobre lors du combat pour le titre de champion poids lourd britannique entre Fabio Wardley et Frazer Clarke. Il y a six mois, ces deux boxeurs s’étaient livrés un véritable combat de guerre pendant 12 rounds à Londres, avec un verdict nul qui avait laissé les deux hommes frustrés. Pourtant, lors de leur revanche, où seule la date et le lieu avaient changé, Wardley a arrêté Clarke dès le premier round avec une série de coups brutaux, transformant ainsi le premier combat, si accroché, en un souvenir presque anecdotique.
Pour Wardley, cette victoire en un round était bien au-delà de ses attentes. Non seulement il a conservé son titre, mais il a également démontré sa supériorité sur un rival, mettant ainsi un terme définitif à cette rivalité. En un instant, tout était réglé. Plus besoin de juges, plus de débats, et surtout, plus besoin de revoir ces deux poids lourds s’affronter.
Pour le public, ce fut un mélange d’exaltation et de déception. D’un côté, l’absence de controverse et une issue claire étaient appréciées, mais de l’autre, la façon brutale dont la revanche s’était déroulée était une déception, surtout après la tension qui avait caractérisé leur premier affrontement.
En tant que fans, nous préférerions toujours des fins courtes et décisives aux longs combats controversés, cela va sans dire. Pour ceux qui en douteraient, il suffisait d’attendre la suite du programme du samedi pour constater une fois de plus cette réalité. En effet, après la destruction d’un round de Clarke par Wardley, nous avons assisté à un magnifique combat de 12 rounds entre Artur Beterbiev et Dmitry Bivol, dont la seule ombre fut qu’après ces 12 rounds, personne ne savait réellement qui avait gagné. À ce moment-là, les avis divergeaient, chacun exprimant son score, avec un Russe couronnant un vainqueur selon les opinions.
C’est au milieu de ces opinions conflictuelles que j’ai découvert un fil de discussion intéressant sur Wardley et Clarke, la seule rencontre sur laquelle nous pouvions tous nous prononcer avec certitude. Ce fil, entamé par Tom Gray, invitait les gens à partager des exemples de revanches, comme Wardley contre Clarke II, qui étaient d’une durée bien inférieure à celle du premier combat, tout en étant étonnamment à sens unique. Ce qui a suivi étaient d’innombrables exemples de cette tendance, chacun fascinant à sa manière et prouvant que même une revanche, ce moment de répétition, ne se déroule pas toujours comme les statistiques et l’histoire pourraient nous le faire croire.
Joe Louis contre Max Schmeling
Premier combat : En 1936, ce combat a été non seulement désigné comme le Combat de l’Année, mais la victoire de Schmeling par arrêt à la 12e ronde a aussi été un immense bouleversement qui a secoué le monde du sport. Louis, poussé au sol lors des quatrièmes et douzièmes rounds, a subi sa première défaite professionnelle face à ce boxeur allemand jusqu’alors peu connu, qui avait exploitée une faiblesse dans le style de l’Américain.
Deuxième combat : En 1938, alors que Louis a enchainé 11 victoires consécutives et qu’il avait pris pleinement son rôle de champion du monde poids lourd, il a rapidement fait exploser Schmeling dans le premier round, offrant l’une des victoires de revanche les plus emblématiques de l’histoire de la boxe.
Rocky Marciano contre “Jersey” Joe Walcott
Premier combat : Après avoir été mis au tapis au premier round et étant en retard aux points, Marciano a dû sortir son célèbre coup “Suzie Q” au round 13 pour retourner ce combat de 1952 contre Walcott et le stopper. Un crochet droit terrifiant a surpris Walcott, qui, affalé contre les cordes, n’a pu se relever.
Deuxième combat : Après une première confrontation en septembre 1952, Marciano et Walcott se retrouvaient en mai suivant, avec un Walcott âgé de 39 ans. L’issue de ce combat n’était pas une surprise, Walcott étant sonné et mis KO dans le premier round par Marciano.
Matthew Saad Muhammad contre John Conteh
Premier combat : La rencontre pour le titre de champion des poids mi-lourds WBC en 1979 s’est soldée par une décision unanime en faveur de Saad Muhammad après 12 rounds, bien que les scores aient été serrés et controversés. Ces scores deviendraient rapidement sans objet après qu’un deuxième combat fut ordonné, à cause d’une substance illégale utilisée dans le coin de Saad Muhammad pour stopper un saignement.
Deuxième combat : En mars 1980, ils se retrouvaient à nouveau, et Saad Muhammad a mis Conteh KO en quatrième ronde grâce à deux droites violentes, ne lui laissant aucune chance de rétablir la situation.
James “Bonecrusher” Smith contre Tim Witherspoon
Premier combat : Lors de leur première rencontre à Las Vegas en 1985, Witherspoon a dominé Smith tout au long des 12 rounds. Par conséquent, leur revanche ne fut pas immédiate, car il n’y avait pas vraiment besoin d’un second acte.
Deuxième combat : 18 mois plus tard, après que Witherspoon ait remporté quatre combats, il a été surpris d’être mis KO dans le premier round par “Bonecrusher”, altérant ainsi totalement l’issue de leur première rencontre.
Virgil Hill contre Fabrice Tiozzo
Premier combat : Les deux boxeurs, classés en poids mi-lourds à l’époque, se sont affrontés à Paris en 1993, et Hill a remporté la décision partagée après 12 rounds grâce à deux knockdowns. Tiozzo, avec un record de 25-0, a vu sa série brisée par cette défaite.
Deuxième combat : En 2000, sept ans après leur première rencontre, Hill et Tiozzo se retrouvaient en France, mais cette fois-ci en poids cruiser. Hill, considéré comme un puncher, a étonné tout le monde en mettant Tiozzo au tapis à trois reprises dans le premier round, remportant la victoire rapidement.
Roy Jones Jnr contre Montell Griffin
Premier combat : La défense de titre WBC des mi-lourds de Jones en 1997 a pris une tournure inattendue lorsque Griffin a été déclaré vainqueur par disqualification à la 9e ronde après un coup porté à un Griffin à genoux. Cela a abouti à une revanche.
Deuxième combat : Dans leur revanche immédiate, Jones est apparu déterminé à prouver un point et a lancé une attaque féroce contre Griffin. Avec une énergie impressionnante, il a mis KO son adversaire dans le premier round, laissant peu de place au doute quant à sa supériorité.
Enzo Maccarinelli contre Mark Hobson
Premier combat : Leur affrontement de 2006, attendue comme un match équilibré entre deux des meilleurs poids cruiser britanniques, a offert un spectacle haletant de 12 rounds, Maccarinelli remportant le combat dans une ambiance électrique.
Deuxième combat : Sept mois plus tard, Maccarinelli, désormais champion WBO, a rapidement mis fin au combat contre Hobson en moins d’une minute de la première ronde.
Sergio Martinez contre Paul Williams
Premier combat : En 2009, Martinez et Williams ont échangé des knockdowns et ont livré un combat acharné durant 12 rounds. Les scores étaient mitigés et beaucoup, dont Martinez, ont été déçus lorsque Williams a été déclaré vainqueur par décision majoritaire.
Deuxième combat : Ayant repris sa carrière après cette défaite, Martinez est revenu sur le ring à Atlantic City pour rencontrer Williams à nouveau. Cette fois, déterminé, il a envoyé Williams au tapis dès le deuxième round avec un coup dévastateur, mettant ainsi un point final à leur rivalité.
Srisaket Sor Rungvisai contre Roman Gonzalez
Premier combat : Le combat de 2017 a été le premier à briser la série impressionnante de 46 victoires de Gonzalez, et Sor Rungvisai s’est fait connaître au niveau mondial en remportant une décision majoritaire après un affrontement intense.
Deuxième combat : Moins d’un an plus tard, Sor Rungvisai, fort de cette victoire, s’est présenté au second acte avec une confiance et une intensité renouvelées, forçant Gonzalez à tomber deux fois dans le quatrième round et finirait par remporter le match de manière spectaculaire.
Naoya Inoue contre Nonito Donaire
Premier combat : En 2019, Inoue subissait ce qui pourrait être qualifié de son plus grand défi, et bien qu’il ait remporté le combat, Donaire a démontré un courage inébranlable. Même après une décision logique de 12 rounds, Donaire a laissé le public désireux de voir une suite.