En ce qui concerne le paysage actuel de la boxe professionnelle, un vent de tempête souffle depuis que William Keane, se décrivant comme un “fixer”, a poursuivi Top Rank, l’entreprise de promotion dirigée par Bob Arum, pour rupture de contrat, fraude et enrichissement sans cause. Les détails explosifs de sa plainte de 36 pages ont secoué l’industrie, mettant en lumière les prétendues collusions de la promotion avec des figures controversées, notamment le chef présumé d’un réseau criminel irlandais, Daniel Kinahan, identifié par le Département du Trésor américain en 2022.
Dans sa requête, Keane affirme que Top Rank a agi par désespoir pour satisfaire ESPN, leur partenaire de diffusion, qui se serait montré impatient quant à la capacité de Top Rank à dynamiser son vivier de boxeurs après avoir signé un accord d’extension de 90 millions de dollars pour organiser des combats jusqu’en 2025. L’urgence de cette situation est aggravée par l’absence d’un nouvel accord de diffusion et l’émergence d’un nouveau concurrent, TKO, une société appartenant à Endeavor Group Holdings, qui envisage de créer une ligue de boxe sous la direction de Dana White, le président de l’UFC.
Pour Keane, cette affaire tourne autour d’une allégation cruciale : il prétend que Todd DuBoef, président de Top Rank, l’a sous-payé pour son travail de recrutement de boxeurs talentueux, notamment Tyson Fury et d’autres combattants associés à Kinahan lorsque ce dernier dirigeait le groupe de management MTK. À l’appui de sa plainte, Keane réclame 25 millions de dollars plus intérêts, affirmant qu’il a été lésé lorsque le pourcentage des gains qu’il devait percevoir a été réduit de 10 à 5 % et qu’il depuis n’a rien reçu du tout.
La plainte de Keane va plus loin, peignant DuBoef comme un dirigeant toxique, peu fiable et méprisant envers ses employés. Il est notamment rapporté que DuBoef a qualifié son directeur des opérations et vice-président de simples “abeilles ouvrières” et a exprimé son mépris envers ceux qui ne partageaient pas sa vision du monde. Ces déclarations jettent une lumière peu flatteuse sur la culture de travail chez Top Rank, alors que l’entreprise navigue dans des eaux tumultueuses.
Les tensions se font ressentir non seulement à l’intérieur de Top Rank, mais également vis-à-vis du monde extérieur. Un ancien avocat a allégué que DuBoef aurait des préjugés raciaux envers les Mexicains et les Américains d’origine mexicaine, ce qui aurait gravement affecté la capacité de l’entreprise à signer des talents importants. Le procès révèle aussi un lien troublant entre Top Rank et Kinahan, avec des allégations selon lesquelles DuBoef aurait ordonné à Keane de ne pas révéler l’implication de ce dernier dans les affaires de boxe pour éviter que ESPN ne mette fin à leur partenariat.
En réaction, le représentant juridique de Top Rank, Daniel Petrocelli, a qualifié les allégations de Keane de “fausses et futiles”. Selon lui, tout le monde savait que Kinahan était impliqué et il n’existait pas de secret autour de cette collaboration.
La plainte de Keane, bien que truffée de critiques acerbes, pose également des questions sur la compétence des dirigeants de Top Rank. Il est mentionné qu’Arum lui-même avait besoin d’un “fixer” pour renforcer la relation avec ESPN, et Keane était vu comme la personne idéale. Cela souligne les défis internes auxquels la société fait face alors qu’elle cherche à naviguer dans un paysage concurrentiel de plus en plus difficile, particulièrement avec la perspective de TKO en position de potentiel rival.
Alors que la bataille judiciaire se profile, la question demeure : ce climat de confrontation entre Keane et Top Rank est-il le signe d’un tournant dans l’industrie de la boxe, ou simplement un énième chapitre d’un récit déjà chargé d’histoires sombres et tumultueuses ?