Randy Gordon : Un pilier de l’intégrité dans la boxe
Randy Gordon, ancien rédacteur en chef de "The Ring Magazine", a occupé le poste d’analyste de diffusion pour les combats de Top Rank sur ESPN, mêlant ainsi passion pour la boxe et professionnalisme. Son regard aguerri était tourné vers le ring, prêt à analyser chaque coup et chaque stratégie qui se déroulait sous ses yeux.
En 1982, une situation préoccupante s’est présentée. Gordon a appris qu’un boxeur, Eddie Flanning, avait subi un knock-out cinq jours plus tôt et qu’il était prévu qu’il monte à nouveau sur le ring, cette fois sous le nom de Rahim Tayib, au Madison Square Garden, lors d’un événement télédiffusé par ESPN. Bien qu’il n’ait que sept ans d’expérience, venant tout juste de quitter son poste de disc-jockey à la station WGBB de New York, Gordon avait acquis une compréhension suffisante des règles de la boxe pour réaliser que la situation était alarmante.
Ce fut un moment charnière pour Gordon, semblable à celui que de nombreux professionnels de ce milieu doivent affronter : choisir entre la tranquillité d’esprit en ignorant le problème ou parler et risquer de voir un combat annulé. Le promoteur légendaire Teddy Brenner, bien conscient des règles rigoureuses entourant les suspensions médicales, lui avait d’ailleurs conseillé de ne pas soulever de questions sur le retour hâtif du boxeur, avertissant qu’il en irait de sa carrière.
Gordon aurait pu fermer les yeux, et ainsi permettre à la machine de la boxe de continuer d’avancer dans l’ombre, profitant des chèques de paie facilement récoltés. Mais il décida de protéger le boxeur, au prix de son emploi. Une décision courageuse qui, dans un univers où les journalistes entretiennent des relations parfois trop amicales avec des sources au détriment de la vérité, constitue un exemple de courage et d’intégrité.
Les conséquences de sa prise de parole ne se firent pas attendre. Toutefois, un an plus tard, il fut promu rédacteur en chef de "The Ring". En 1988, alors que la commission athlétique de l’État de New York cherchait un nouveau président, quelqu’un évoqua déjà le nom de Gordon : "Et si on faisait appel à ce gars qui a empêché un boxeur de revenir trop vite après un knock-out sur ESPN ?"
Son implication dans la boxe ne s’est pas arrêtée là. Surnommé "The Commish", il a occupé ce rôle très en vue pendant sept ans avant de devenir président de l’Association nationale des commissions de boxe. Gordon s’est ensuite frotté à des rôles de défenseur et d’éducateur du sport, utilisant la radio et les réseaux sociaux pour partager sa vaste connaissance du milieu.
Sa manière d’analyser le sport est loin d’un style ostentatoire. Il aborde les sujets avec une curiosité authentique, sans l’arrogance que certains associent à ceux ayant atteint une certaine notoriété. Plutôt que de se livrer à des commentaires biaisés, Gordon préfère exposer les faits marquants de la semaine, invitant d’autres experts à participer à la discussion, permettant ainsi à la vérité d’émerger de manière organique.
La semaine dernière, il a reçu un appel entrant du Hall of Fame, une reconnaissance bien méritée de son engagement envers le sport. Les messages de félicitations se sont multipliés, louant son attitude et sa passion pour la boxe.
Lors d’un entretien téléphonique, alors que je m’apprêtais à prendre un vol vers Phoenix pour couvrir un événement de Top Rank, Gordon, humble et reconnaissant, a partagé une leçon de vie apprise il y a 42 ans : « Faites de votre mieux. Gardez les yeux ouverts. Profitez des combats. » Ce conseil résonne comme un mantra dans le monde complexe et parfois trouble de la boxe.