Le poids de la boxe : Richard Torrez et la lutte pour trouver son chemin
Richard Torrez, jeune espoir de la catégorie poids lourds, s’apprête à affronter Guido Vianello le 5 avril, dans un combat qui pourrait marquer un tournant dans sa carrière. Actuellement, il affiche un bilan prometteur de 12 victoires, dont 11 par KO, mais chaque combattant sait que le chemin du ring est pavé de défis, tant physiques que mentaux.
Lors de notre entretien à l’Olympic Training Center, Torrez dégage une énergie positive et s’exprime avec assure, tout en restant conscient des défis qui l’attendent. À 1,88 mètre et avec une portée de 193 cm, il se retrouve souvent en désavantage de taille, notamment face à des boxeurs comme Oleksandr Usyk. Cependant, il reste confiant dans sa préparation, déclarant : « Je me sens comme le boxeur poids lourd le mieux préparé. Je ne prends pas la condition physique à la légère. » Sa routine d’entraînement est acharnée : « Dix séries de sprints de quatre minutes, accompagnées de séances sur des vélos d’assaut et des VersaClimbers. »
Énonçant le défi que représentent les VersaClimbers, il explique que leur utilisation peut être exténuante : « Si tu peux tenir deux minutes sur un VersaClimber, reviens me parler. » Ce type d’engagement physique montre qu’il est déterminé à donner le meilleur de lui-même.
C’est avec enthousiasme qu’il partage son admiration pour son prochain adversaire : « Je pense que Guido est un excellent combattant, un Olympien. Il est grand et vient toujours pour se battre. » Torrez, qui partage une histoire similaire avec son ami Jared « Big Baby » Anderson, se voit comme l’une des prochaines grandes cartes du poids lourd américain, un rôle dont la pression peut être accablante.
« Les gens disent souvent : ‘Richard, tu devrais gagner, j’ai mis ma maison sur toi.’ Cela peut créer une pression énorme », admet-il. Cependant, au-delà des attentes des autres, Torrez ressent une obligation plus personnelle. « Je veux prouver que tout ce que j’ai sacrifié, ma famille également, n’est pas vain. »
Dans un monde où la perfection est souvent considérée comme la norme, Torrez reste dédaigneux des records parfaits. « Je crois fermement que si tu veux être quelqu’un dans ce sport, tu dois croire que tu es le meilleur », dit-il en référence à Anderson, après sa récente défaite. Pour lui, « la boxe est la boxe », notant que les échecs font partie intégrante du parcours.
Lorsqu’on parle de la gestion de son parcours professionnel, Torrez exprime une transparence déconcertante : « Mon père m’appelle et me demande si je veux affronter tel ou tel boxeur. C’est comme ça que cela se passe. » Reconnaissant la nécessité de se concentrer sur l’entraînement, il laisse à son père, Richard Torrez Sr., le soin des négociations.
Se remémorant ses combats passés, il ne cache pas ses doutes face à des adversaires comme Bakhodir Jalolov. Dans leur première rencontre, à 20 ans, il a subi un KO retentissant. Depuis, il a pris au sérieux l’importance de la préparation mentale. « Je réfléchis à la gestion des risques en boxe. La CTE [encéphalopathie traumatique chronique] est toujours dans un coin de ma tête », confie-t-il.
Sa motivation est guidée par une conscience aiguë du sport. Torrez poursuit divers intérêts en dehors de la boxe et ne veut pas être catalogué comme un simple combattant, montrant une maturité qui pourrait lui être bénéfique dans le futur. « Je lis, je fais attention à mon alimentation pour maintenir ma santé cérébrale. Je ne veux pas être un de ces anciens boxeurs qui a besoin de sous-titres pour s’exprimer. »
Finalement, Richard Torrez incarne l’espoir d’une génération de boxeurs conscients des enjeux du noble art. Alors qu’il se prépare pour son prochain combat, sa réflexion sur l’héritage, la pression et la nécessité d’un bon entourage l’accompagne sur le chemin pour devenir un champion.