La mort d’un boxeur est un événement tragique qui capte inévitablement l’attention des médias, mais voilà : cette attention survient non pas lors des moments exaltants de victoire, mais lorsque la vie d’un combattant s’éteint. L’affaire récente de John Cooney, boxeur nord-irlandais de 28 ans, en est un triste exemple. En effet, la couverture médiatique de ce drame suscite un intérêt disproportionné, surtout dans un sport où les réussites sont nombreuses mais souvent éclipsées par les tragédies.
Cette focalisation sur l’aspect tragique des combats de boxe peut parfois mener à une réaction excessive. Les médias, friands de sensations fortes, s’empressent de tirer la sonnette d’alarme sur les dangers inhérents au sport, plaidant même pour son interdiction totale si ces risques ne peuvent être mitigés. Pourtant, ceux qui sont impliqués dans le milieu comprennent les efforts continus des commissions d’athlétisme pour réduire les risques, tout en préservant l’attrait unique de la boxe. Néanmoins, cette discipline reste intrinsèquement dangereuse, ce qui rend difficile sa défense face aux critiques insatiables qui ne soulignent que les cas d’accidents tragiques.
Robert Smith, le secrétaire général de la British Boxing Board of Control, reçoit régulièrement des appels chargés de questions poignantes sur la sécurité du sport. Il est crucial de souligner que ce qui est arrivé à Cooney, victime d’une hémorragie cérébrale durant son combat contre Nathan Howells le 1er février à Belfast, ne peut être imputé à un manquement de sa part. Smith insiste sur le fait que Cooney n’aurait pas été autorisé à monter sur le ring si tout n’avait pas été en ordre.
« C’est difficile, de parler de ces choses », confie Smith. Il affirme que la mort d’un boxeur est de loin l’aspect le plus pénible de son travail. Il rappelle qu’il n’y a eu que cinq décès dans les rings britanniques au cours des 17 dernières années, ce qui témoigne de la rareté de ces tragédies. Pour lui, « tout ce qui compte vraiment en ce moment, c’est la famille de John Cooney ».
Cependant, c’est la mémoire de Cooney qui alimente les questions que Smith doit affronter. En s’efforçant de répondre à ces questions, il poursuit également son combat pour rendre la boxe aussi sûre que possible. Au Royaume-Uni, les procédures sont sans cesse ajustées, ce qui entraîne des coûts supplémentaires, afin d’offrir aux boxeurs les meilleures chances d’éviter des blessures sérieuses. Mais, comme le rappelle Smith, la sécurité parfaite n’existe pas dans la boxe. « Si on veut que ce soit à 100 % sûr, la seule option est d’interdire le sport », remarque-t-il. « Mais voyez ce qui se passe ensuite. Le sport, ou ce qu’il en resterait, irait dans la clandestinité, sans aucun règne de lois ou de règlements ».
En préparation de leur combat de 10 rounds, Cooney et son adversaire avaient subi des examens médicaux stricts et des contrôles de poids réguliers pour s’assurer qu’ils respectaient la limite de poids de la catégorie junior léger. Smith souligne que « il n’aurait jamais été dans le ring si tout n’avait pas été en ordre ». Les examens cérébraux préalables visaient à détecter des problèmes potentiels et, selon lui, « c’était une blessure aiguë ; peu importe combien de vérifications vous effectuez avant un combat, elles ne peuvent pas prévoir une telle blessure ».
Suite à l’accident de Cooney, le BBBoC a continué à superviser des événements, comme un combat à Sheffield, où l’un des combattants a été retiré suite à des préoccupations concernant des examens cérébraux. Alors qu’un remplaçant a été désigné, il s’est avéré qu’il était trop tard pour effectuer les examens médicaux requis, mais Smith n’a pas hésité à annuler le combat, contrairement à ce qui se passe souvent dans le milieu où ces détails peuvent passer inaperçus.
Matt Christie, passionné de boxe et professionnel du sport depuis plus de 20 ans, observe depuis longtemps les évolutions de la boxe en Grande-Bretagne. Ancien rédacteur en chef de Boxing News, il est aujourd’hui co-animateur de « The Opening Bell » et analyste pour Sky Sports. « Je souhaite que la boxe soit comme elle est maintenant, par rapport à ce qu’elle était avant », confie-t-il. Les normes médicales actuelles garantissent un encadrement beaucoup plus strict qu’auparavant.
L’enquête sur l’accident de Cooney suivra son cours, avec des résultats d’autopsie à venir et une éventuelle enquête du coroner. Smith et son équipe espèrent que ces démarches permettront d’apporter des recommandations pour continuer à améliorer la sécurité dans un sport qui, malgré tous les efforts déployés, continue de porter sa part de risques inévitables.