Liam Davies a subi une défaite difficile à digérer dans un combat qui devait être un tournant de sa carrière face à Shabaz Masoud, le 2 novembre à Birmingham. Bien qu’il n’ait pas été mis KO ni gravement blessé, la manière dont il a perdu — par décision partagée — en dit long sur le fossé de compétences qui le sépare de l’autre combattant. Certes, les cicatrices de cette bataille s’estomperont avec le temps, mais le doute qui s’est installé dans l’esprit de Davies, habituellement si sûr de lui, pourrait s’avérer bien plus pernicieux.
La décision des juges, qui ont rendu un verdict controversé, ne constatera stricto sensu ni la performance éclatante de Masoud ni les difficultés rencontrées par Davies. Au contraire, ce score discutable ne fait que masquer le manque de questionnements clairs sur la supériorité affichée par Masoud tout au long des douze rounds.
La performance de Masoud est sans aucun doute l’une des plus impressionnantes vues dans le ring britannique cette année. Non seulement il a remporté le combat, mais il l’a dominé d’une manière telle qu’un rematch immédiat semble peu envisageable, malgré le verdict partagé. Avant cette rencontre, on aurait ri à l’idée que Masoud puisse l’emporter au détriment de l’athlète local Davies. Au cours des 36 minutes de leur affrontement, il est devenu évident que Masoud était en contrôle total du combat.
Les juges, pourtant appelés à évaluer la clarté de la victoire de Masoud, ont offert des scores déroutants. Marco Morales, l’un des juges, a accordé la victoire à Davies de 115 à 113, un résultat qui est à peine concevable. Jean-Marie Natus lui a également donné deux rounds de marge à Masoud (115-113), mais cela restait tout de même en décalage flagrant avec la réalité du combat. En revanche, Terry O’Connor a reconnu la domination de Masoud en le jugeant vainqueur de 116 à 112, un score qui reflète finalement mieux l’écart entre les deux boxeurs.
Il est évident que la mauvaise notation des juges ne doit pas occulter le brillant parcours de Masoud dans ce combat. Beaucoup, en se fiant à ces scores, pourraient avoir tendance à penser que la confrontation était bien plus serrée que ce qu’elle n’a réellement été. Masoud a non seulement surpassé Davies, mais il a aussi réussi à faire passer ce dernier pour un boxeur en dessous de son niveau habituel depuis plusieurs années.
Dès le départ, Masoud a su imposer son rythme et son style, faisant mal à Davies avec des crochets gauches précis. À chaque fois que Davies tentait d’avancer, il était stoppé net. Le troisième round s’est révélé particulièrement tumultueux, avec une chute de Davies – signe de sa frustration. Masoud, quant à lui, a su varier ses approches avec une main gauche aussi puissante qu’astucieuse, alternant entre attaques hautes et basses.
Les rounds suivant ont vu Davies s’embourber dans sa tentative de changer la dynamique. Malgré un semblant de regain d’énergie au sixième, où il a touche Masoud avec un bon coup droit, la situation ne s’est pas améliorée. Les round suivants, particulièrement le quatorzième et le cinquième, ont vu Davies déplorer une coupure à l’œil et recevoir des avertissements pour ses attaques jugées trop basses. Même lorsqu’il était impliqué dans des échanges à l’intérieur, Masoud restait maître des événements, récupérant la situation.
Bien que Davies ait réussi à se battre et à tenter des manœuvres pour récupérer la situation, la dernière ligne droite s’est avérée un défi insurmontable. À la fin, son entraîneur, Errol Johnson, ne pouvait que lui dire qu’il devait “l’arrêter”. Malgré tous ses efforts, Davies a vu ses espoirs anéantis par la rapidité et l’agilité de Masoud.
Après le combat, Masoud a déclaré : « Cela fait longtemps que j’attends ce moment… c’est mon jour à moi. » Pour sa part, Davies, conscient de sa défaite, a reconnu la supériorité de son adversaire : « C’est difficile à prendre, mais je suis heureux, je suis en bonne santé, et je rentre chez moi. Ce n’est pas la fin de moi… Je ne suis encore que 28 ans. »
Le jugement controversé de Marco Morales, qui a vu une victoire pour Davies, soulève des questions sur la capacité à apprécier le bon travail des boxeurs dans le ring. Dans un sport où la précision et la clarté de jugement sont essentielles, il est déplorable que l’on puisse passer à côté de la véritable essence d’un combat aussi captivant.