LOS ANGELES – Les bruits de souffrance et d’effort de l’athlète ukrainien résonnent à travers le Wild Card Boxing Club, où un sac de frappe s’agite sous la violence des coups portés. Ce n’est pas Oleksandr Usyk, le champion unifié des poids lourds, qui s’entraîne ici pour un tournage cinématographique. Son compatriote Vitali Klitschko, ancien champion et maire de Kiev, est pris par la guerre. Quant à Vasiliy Lomachenko, triple champion, il envisage la retraite, tandis que Serhii Bohachuk scrute la prometteuse catégorie junior-moyen.
Et au milieu de ce tumulte, un autre boxeur ukrainien s’active. Arnold Khegai, 32 ans, partage de nombreux points communs avec ces légendes. Avec des ambitions de titre, il se prépare pour un événement principal qui se déroulera ce samedi soir, tout en gardant un œil sur ses proches – y compris son frère – qui vivent sous la menace de l’invasion meurtrière de la Russie.
Khegai, né de parents sud-coréens mais élevé en Ukraine, a quitté son pays seulement lorsque la guerre a éclaté. Actuellement, il s’entraîne à Los Angeles, alors que sa femme et son fils de cinq ans ont trouvé refuge en France. "J’espère pouvoir rentrer en Ukraine quand la guerre s’arrêtera," confie Khegai, conscient des tensions maritimes illustrées par la récente discussion houleuse entre le président Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Un lourd fardeau pèse sur ses épaules. "C’est très difficile à vivre. Le monde entier soutient l’Ukraine, y compris les États-Unis. Ça fait plus de trois ans maintenant. J’essaie de rester concentré sur la boxe, mais mes proches, mon frère et mes amis, sont en Ukraine pendant que je dois me focaliser sur mes combats," explique-t-il.
Actuellement, Khegai, dont le palmarès est de 22-1-1 (14 KO) et qui est classé aussi haut que numéro 2 par la WBO, se prépare pour le combat de sa carrière face à Joet Gonzalez, un ancien challenger aux titres, avec un bilan de 26-4 (15 KO). Une victoire l’approcherait encore plus du champion WBO Rafael Espinoza, tandis qu’il est aussi classé numéro 12 chez l’IBF et numéro 14 chez le WBC, une portée où il a subi sa seule défaite en 2020 contre Stephen Fulton.
"Ce combat est très important pour moi. C’est une nouvelle étape et je suis impatient de montrer où j’en suis," déclare Khegai. "Je sais que Joet est un dur au combat, il a un bon style et une grande réputation. Après ce combat, j’espère être en position de lutter pour un titre."
Marvin Somodio, son entraîneur, vante l’éthique de travail de Khegai : "C’est son meilleur atout. Il est devenu boxeur et frappeur efficace. Chaque combat est crucial ; une défaite pourrait le faire chuter de son rang."
"Arnold souhaite remporter un titre mondial. La boxe est son unique moyen d’améliorer sa vie. Et je lui ai dit que c’est le moment idéal pour prouver qui il est. ProBox est une excellente plateforme pour ça," ajoute Somodio.
Khegai ressent une pression intrinsèque à la fois pour ses racines ukrainiennes et ses aspirations professionnelles. "Je sais que si je perds, je perds ma place dans le classement. En revanche, si je gagne, mon prochain combat sera pour un titre," souligne-t-il. "Pour nous deux, c’est une grande opportunité."
Ce combat prend place dans un contexte à la fois personnel et professionnel, et Khegai est fier d’être le représentant d’un pays tourmenté, tout en poursuivant ses rêves de boxe.