Les classements et les pratiques de la Fédération Internationale de Boxe [IBF] s’imposent avec acuité dans l’actualité de la boxe ces derniers mois. Le corps de sanction semble en effet détacher des mandats incohérents, perturbant ainsi les championnats indiscutés. Un coup d’œil sur la situation actuelle révèle les contours inquiétants de cette situation.
Récemment, Oleksandr Usyk, dans la catégorie des poids lourds, et Saul "Canelo" Alvarez en super-moyenne, ont choisi de se séparer de leur ceinture IBF plutôt que de devoir combattre un adversaire qui n’apporterait aucune valeur ajoutée à leur carrière. Par ailleurs, Artur Beterbiev pourrait bientôt suivre la même voie dans la catégorie des poids légers, devenant lui aussi le dernier roi incontesté à abandonner son titre.
L’IBF a longtemps été reconnue pour ses règles strictes, mais il est toujours déroutant de voir cette organisation, quelques jours à peine après l’unification des quatre ceintures, imposer à un champion de défendre son titre face à un prétendant avant une date limite déterminée. Ces exigences seraient plus acceptables si le challenger avait largement mérité sa chance. Hélas, il s’avère souvent que tel n’est pas le cas.
Un aperçu des classements de l’IBF, qui couvre 17 catégories de poids, montre que dans au moins six d’entre elles, des explications claires s’imposent concernant le choix du prétendant le plus méritant.
Poids lourds
La décision de l’IBF de désigner le combat entre Daniel Dubois et Filip Hrgovic pour le titre "interim" le 1er juin reste obscure, surtout après qu’Oleksandr Usyk ait défendu la version complète du titre contre Tyson Fury juste deux semaines auparavant. L’IBF n’est pas la seule instance de sanction à ignorer la signification du mot "interim", mais leur demande subséquente pour qu’Usyk affronte Dubois semblait totalement absurde, sachant que l’Ukrainien était déjà sous contrat pour un match revanche contre Fury. De plus, pourquoi exiger un combat contre un boxeur qu’Usyk a facilement battu l’année dernière ?
Poids mi-lourds
La semaine dernière, à peine 23 minutes après qu’Artur Beterbiev ait dominé Dmitry Bivol pour s’emparer des quatre ceintures, l’IBF a confirmé que le prochain combat du champion incontesté devrait être contre Michael Eifert, avec un palmarès de 13-1 (5 KOs). On peut légitimement s’interroger sur les performances d’Eifert pour être considéré comme un adversaire digne, surtout après une victoire sur un Jean Pascal de 79 ans l’année dernière. Eifert n’est pas classé par TBRB et The Ring.
Super poids moyens
Canelo Alvarez a choisi de renoncer à son titre IBF, préférant laisser tomber son statut incontesté pour ne pas affronter William Scull. Ce dernier, non classé par The Ring avant sa victoire mitigée contre Vladimir Shishkin, avait peu fait pour mériter sa place au sommet des classements IBF des super poids moyens, n’ayant plus combattu au niveau des 12 rounds depuis plus de deux ans. Ce combat a été largement ignoré par les médias de boxe, car peu considéraient qu’il avait une valeur digne d’un championnat du monde.
Poids welters
En janvier dernier, Jaron "Boots" Ennis a remporté tous les rounds contre Karen Chukhadzhian pour le titre "interim". Ce combat sans histoire a débouché sur une montée d’Ennis au rang de champion IBF, mais cette année, il a été obligé d’affronter de nouveau Chukhadzian, un duel que personne, sauf l’IBF, ne considère comme pertinent. Ce match est programmé pour le 9 novembre, mais l’excitation est difficile à susciter.
Chukhadzhian a enchainé trois victoires contre des adversaires peu compétitifs, suscitant des interrogations sur son classement No.1.
Super poids mouches
Enfin, l’Argentin Fernando Martinez mérite son statut de champion du monde, étant le n°1 selon TBRB et The Ring. Cependant, son prétendant principal, un boxeur dont le nom évoque un maléfique dans l’univers d’Harry Potter, n’est classé ni par TBRB ni par The Ring. Willibaldo Garcia, avec un palmarès de 22-5-1 (13 KOs), n’a pas été vu au niveau mondial depuis sa défaite contre Paul Butler, il y a trois ans, et n’a même pas combattu lors d’un combat de plus de 10 rounds depuis.
L’IBF fait donc face à de sérieuses questions concernant sa gestion des classements et ses décisions, laissant les fans et les boxeurs eux-mêmes perplexes quant à l’intégrité et la logique de ses règlements.