L’UFC 151 restera à jamais gravé dans les mémoires comme l’un des plus grands fiascos de l’histoire des arts martiaux mixtes. Initialement prévu le 1er septembre 2012 à Las Vegas, cet événement a été purement et simplement annulé à seulement 8 jours de sa tenue, une première pour l’organisation. Revenons sur les circonstances qui ont mené à cette décision sans précédent et les nombreuses répercussions qu’elle a eues sur le monde du MMA.
Contexte et carte principale prévue
L’UFC 151 devait se tenir au Mandalay Bay Events Center de Las Vegas. Le combat principal opposait le champion des poids lourds-légers Jon Jones à Dan Henderson, ancien champion du Pride FC et du Strikeforce. La carte était la suivante :
Catégorie | Combat |
---|---|
Poids lourds-légers | Jon Jones (c) vs Dan Henderson |
Poids welters | Jake Ellenberger vs Jay Hieron |
Poids légers | Dennis Hallman vs Thiago Tavares |
Poids plumes | Dennis Siver vs Eddie Yagin |
Poids coqs | Takeya Mizugaki vs Jeff Hougland |
La carte préliminaire comportait également plusieurs combats intéressants :
- John Lineker vs Yasuhiro Urushitani (poids mouches)
- Tim Means vs Abel Trujillo (poids légers)
- Kyle Noke vs Charlie Brenneman (poids welters)
- Daron Cruickshank vs Henry Martinez (poids légers)
La blessure de Dan Henderson et ses conséquences
L’annonce tardive du forfait
Le 23 août 2012, soit seulement 8 jours avant l’événement, Dan Henderson annonce qu’il doit déclarer forfait en raison d’une blessure au genou. Il s’agit d’une déchirure partielle du ligament croisé antérieur, une blessure sérieuse nécessitant plusieurs semaines de convalescence.
La nouvelle tombe comme un couperet pour l’UFC, qui se retrouve sans tête d’affiche pour son pay-per-view. La situation est d’autant plus délicate que Henderson était au courant de sa blessure depuis 3 semaines mais avait gardé le silence, espérant pouvoir quand même combattre.
La proposition de remplacement refusée par Jon Jones
Face à cette situation de crise, l’UFC tente le tout pour le tout et propose à Jon Jones d’affronter Chael Sonnen en remplacement. Sonnen, qui évoluait habituellement en poids moyens, accepte le combat avec seulement 8 jours de préparation.
Mais contre toute attente, Jon Jones refuse catégoriquement cette proposition. Le champion estime ne pas avoir suffisamment de temps pour se préparer à un nouvel adversaire, même si Sonnen n’a pas fait de camp d’entraînement.
L’annulation historique de l’événement
Devant le refus de Jon Jones et l’impossibilité de trouver un remplaçant de dernière minute, Dana White annonce lors d’une conférence de presse l’annulation pure et simple de l’UFC 151. C’est la première fois en 11 ans d’existence que l’organisation se voit contrainte d’annuler un événement.
Cette décision aura des répercussions importantes :
- Les combattants prévus sur la carte ne toucheront pas leur salaire
- L’UFC subit une perte financière estimée à plusieurs millions de dollars
- L’image de Jon Jones est ternie auprès des fans et de l’organisation
- La relation entre Jones et Dana White se détériore considérablement
Les réactions et les conséquences
La colère de Dana White
Le président de l’UFC ne mâche pas ses mots envers Jon Jones et son entraîneur Greg Jackson lors de la conférence de presse d’annulation :
“C’est la première fois dans l’histoire de l’UFC que nous annulons un événement. Jon Jones a refusé de combattre Chael Sonnen. Greg Jackson lui a dit que ce serait la plus grosse erreur de sa carrière. C’est une décision égoïste qui affecte tout le monde.”
Dana White accuse ouvertement Jones d’être responsable de cette situation sans précédent. Il qualifie même le champion de “première superstar à refuser un combat” dans l’histoire de l’UFC.
La défense de Jon Jones
De son côté, Jon Jones tente de justifier sa décision dans un communiqué :
“Je ne suis pas un preneur de combat à court terme. Je suis un champion et je ne prendrai pas de combat avec 8 jours de préparation. Je dois penser à ma carrière à long terme.”
Le champion affirme également ne jamais avoir été informé que l’événement serait annulé s’il refusait le combat contre Sonnen. Une version contredite par Dana White qui assure lui avoir expliqué clairement la situation.
Les réactions mitigées du monde du MMA
L’annulation de l’UFC 151 divise le monde des arts martiaux mixtes :
- Certains combattants soutiennent la décision de Jones, estimant qu’un champion ne devrait pas avoir à prendre un combat au pied levé
- D’autres critiquent son manque de professionnalisme et son égoïsme envers ses collègues de carte
- Des analystes pointent du doigt la responsabilité de l’UFC qui construit des cartes trop fragiles
- Les fans sont majoritairement déçus et en colère contre Jones
L’impact financier pour l’UFC et les combattants
L’annulation de l’UFC 151 a eu des conséquences économiques importantes :
Entité | Pertes estimées |
---|---|
UFC | 3-4 millions de dollars |
Combattants | 20 000 à 250 000 dollars par combattant |
Mandalay Bay | 1-2 millions de dollars |
Sponsors | Plusieurs centaines de milliers de dollars |
Au total, les pertes cumulées sont estimées entre 10 et 20 millions de dollars. Un coup dur financièrement pour l’organisation et tous les acteurs impliqués dans l’événement.
Les suites de l’annulation
Le remaniement des cartes suivantes
L’UFC a dû réorganiser ses prochains événements pour replacer les combattants prévus à l’UFC 151 :
- Jon Jones affrontera finalement Vitor Belfort à l’UFC 152 le 22 septembre
- Le combat Ellenberger vs Hieron est reprogrammé à l’UFC on FX 5 le 5 octobre
- Dennis Siver vs Eddie Yagin est déplacé à l’UFC on FUEL TV 5 le 29 septembre
- Les autres combats sont répartis sur différents événements jusqu’à fin 2012
L’évolution de l’image de Jon Jones
Le champion des poids lourds-légers voit son image sérieusement écornée suite à cet épisode. Auparavant perçu comme un jeune prodige prometteur, il est désormais vu par beaucoup comme un combattant égoïste et arrogant.
Jones tente de rectifier le tir en multipliant les interviews pour expliquer sa décision, mais le mal est fait. Il faudra plusieurs mois, voire années, avant que son image ne se redresse totalement auprès des fans.
Les changements dans la politique de l’UFC
Cette mésaventure pousse l’UFC à revoir sa façon de construire ses cartes :
- Renforcement des cartes principales avec plus de combats importants
- Mise en place d’un système de combattants remplaçants pour les têtes d’affiche
- Amélioration de la communication avec les combattants sur les blessures
- Révision des contrats pour obliger les champions à accepter des remplaçants
L’organisation tire les leçons de cet échec pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise à l’avenir.
Analyse des responsabilités dans cette débâcle
Jon Jones : le grand coupable ?
Le champion des poids lourds-légers est souvent désigné comme le principal responsable de l’annulation de l’UFC 151. Son refus d’affronter Chael Sonnen a effectivement été l’élément déclencheur de toute cette affaire.
Néanmoins, plusieurs éléments peuvent nuancer sa responsabilité :
- Il n’avait que 8 jours pour se préparer à un nouvel adversaire
- Sonnen évoluait habituellement dans une catégorie inférieure
- Son contrat ne l’obligeait pas à accepter un remplaçant de dernière minute
- Il affirme ne pas avoir été informé des conséquences de son refus
Si la décision de Jones peut être considérée comme égoïste, elle n’en demeure pas moins compréhensible d’un point de vue sportif et contractuel.
Dan Henderson : le silence coupable
Le vétéran des MMA porte également une part de responsabilité importante dans cette affaire. En effet, Henderson était au courant de sa blessure depuis 3 semaines mais a gardé le silence, espérant pouvoir quand même combattre.
Ce manque de communication a eu plusieurs conséquences néfastes :
- L’UFC n’a pas pu anticiper et chercher un remplaçant plus tôt
- Jon Jones n’a eu que 8 jours pour se préparer à un changement d’adversaire
- Les autres combattants de la carte n’ont pas eu le temps de se retourner
Si Henderson avait prévenu l’organisation plus tôt, il est probable que l’annulation aurait pu être évitée.
L’UFC : une part de responsabilité ?
Bien que Dana White ait rejeté toute la faute sur Jon Jones, certains observateurs estiment que l’UFC porte également une part de responsabilité dans cette débâcle :
- La carte était trop dépendante du combat principal
- Aucun plan B n’était prévu en cas de forfait
- La communication avec les combattants sur les blessures était défaillante
- Le calendrier surchargé limitait les options de remplacement
L’organisation a peut-être péché par excès de confiance, pensant qu’un tel scénario ne pouvait pas se produire.
Les leçons tirées de l’UFC 151
Pour l’UFC
Cette mésaventure a poussé l’organisation à revoir plusieurs aspects de son fonctionnement :
- Renforcement des cartes : Les événements ne reposent plus uniquement sur un combat principal
- Système de remplaçants : Des combattants sont désormais en stand-by pour les têtes d’affiche
- Meilleure communication : Un suivi plus strict des blessures des athlètes a été mis en place
- Révision des contrats : Les champions sont désormais tenus d’accepter des remplaçants
- Planification améliorée : Le calendrier est mieux équilibré pour avoir plus de marge de manœuvre
Ces changements ont permis d’éviter qu’une situation similaire ne se reproduise depuis.
Pour les combattants
L’annulation de l’UFC 151 a également fait prendre conscience aux combattants de plusieurs réalités :
- L’importance d’être toujours prêt à combattre, même en tant que remplaçant
- La nécessité de communiquer rapidement sur les blessures
- Le besoin de diversifier leurs sources de revenus hors combats
- L’intérêt d’avoir une assurance en cas d’annulation d’événement
Beaucoup d’athlètes ont revu leur approche suite à cet épisode pour mieux se protéger financièrement.