HAMBURG, Allemagne – Il y a moins de trois ans, Billy Dib recevait des nouvelles désastreuses : son dernier combat était désormais derrière lui, et la maladie le rongeait. Le cancer, implacable, menaçait de mettre un terme à la vie de ce champion du monde à deux reprises. À cette époque, vivre encore un mois, une année aurait constitué une victoire insoupçonnée.
Mais après un long combat, le verdict final a été une délivrance. Avec le cancer derrière lui, Dib, tel un phoenix renaissant de ses cendres, a décidé de faire trembler la douleur avec un retour sur le ring. Ce jeudi, il s’apprête à revêtir de nouveau les gants, pour y clore son chapitre à sa manière.
L’Allemagne devient le décor d’un ultime combat, où il peut enfin laisser derrière lui les horreurs des années passées. « Honnêtement, c’est un peu un rêve devenu réalité », admet-il, tout sourire. « Quand j’étais malade et que ça n’allait pas, je me souviens de ces jours à l’hôpital, persuadé que je ne sortirais jamais d’ici. J’étais tellement mal en point. Mon oncle Angelo me répétait : ‘Un jour à la fois. On va commencer par un peu de marche, puis un peu de jogging.’ Lentement mais sûrement, les choses ont commencé à s’améliorer. Je me suis remis à me sentir humain. En chimiothérapie, on se sent un peu comme un extraterrestre. »
Le courage de Dib fut sans limite, et sa force a progressivement refait surface. Là où il n’osait qu’espérer survivre, un autre rêve a commencé à prendre forme lors de la Convention de la WBC, à l’occasion de la Fight Night à Tachkent, en Ouzbékistan. Assis aux côtés de son manager Robert Diaz, aussi survivant du cancer, et de Mauricio Sulaiman, président de la WBC, une idée audacieuse a commencé à émerger. « Pouvez-vous imaginer si j’avais un combat d’adieu ? » se souvient Dib. Réponse enthousiaste de Sulaiman : « Si tu veux le faire, nous le ferons. » Une promesse, et l’étincelle d’un retour avait jailli.
À son retour à la maison, Dib a commencé à travailler et à rassembler son équipe. « J’ai repris un peu d’entraînement et je me suis senti en forme, alors j’ai appelé Mauricio et lui ai demandé : ‘Regarde, si tu es sérieux, je me sens prêt.’ » L’enthousiasme de Sulaiman fut à la hauteur de la détermination de Dib, qui devait d’abord obtenir l’autorisation médicale de reprendre la compétition. Une visite chez son hématologue a confirmé qu’il pouvait retourner sur le ring.
Ce jeudi soir, Dib combattra durant huit rounds, et assure qu’il est en « forme fantastique ». « J’ai pris ça au sérieux, précise-t-il. Peu importe si mon adversaire est un champion du monde ou pas, je n’ai laissé aucune pierre non retournée, comme si j’affrontais un champion. »
Ayant déjà remporté le combat le plus crucial de sa vie, Dib aborde cette ultime confrontation sans crainte. Un professionnel accompli, qui a été inactif depuis sa dernière apparition en mars 2022, il savoure chaque instant de cette dernière performance, avec un palmarès de 48 victoires, 6 défaites et 27 K.O. « Pour être honnête, je ne ressens aucune nervosité face à tout ça, explique-t-il. Qu’importe le résultat, que ce soit une victoire, une défaite ou un match nul, cela reste un rêve devenu réalité. C’est un privilège de revenir sur le ring après avoir cru que je mourrais dans les six mois, de partir à ma manière, c’est juste incroyable. »
À 39 ans, Dib, bien que rêvant encore, est réaliste. L’ancienne version de lui-même, le jeune Billy « The Kid », a disparu, mais il porte avec lui le poids d’un parcours difficile. « Ces dernières semaines dans le gymnase, j’ai eu quelques aperçus de ma gloire passée, raconte-t-il. Je me suis surpris à faire des choses que je n’aurais jamais cru possibles. Mais je suis un réaliste. Je sais que je ne suis plus le combattant d’autrefois. Je ne suis plus ce tireur rapide, juste un combattant sincère. Les compétences peuvent s’amoindrir, mais j’ai la conviction que je peux encore danser. »
Cette danse sera donc la dernière. Il n’y a ni promesse de retour, ni quête de titre, ni provocations ; juste la volonté de Dib de sceller son histoire sur un ring. « Le résultat n’a pas d’importance, car j’ai déjà gagné. Je suis vivant, et j’en suis ici pour raconter mon histoire. Pour moi, il s’agit de m’amuser sur le ring, peu importe le résultat, et de partir à mes conditions. »
Dib, avec son charisme contagieux, est plus que jamais le visage de l’espoir. À peine quelques jours après la mort d’Israël Vazquez, un autre guerrier du ring, sa mémoire l’accompagnera lors de son dernier combat. Émotionnellement intense, ce moment sera savouré avec intensité. « Je ne fais pas ça juste pour moi. Je le fais pour tous ceux qui ont affronté le cancer, pour ceux qui en ont été victimes. C’est mon combat contre le cancer. Je veux être cette personne qui inspire les autres, en leur montrant que, peu importe ce qu’ils traversent, avec un peu de foi et d’espoir, tout est possible. »
Dib n’oublie pas de dédier cette rencontre à ceux qui ne sont plus là. « Je dédie ce combat à Israël Vazquez et à tous ceux qui ont perdu la bataille. Je le pense sincèrement. »