Le mouvement ambivalent dans la boxe : quand les tests de dépistage révèlent des vérités incontrôlées
En matière de boxe, il serait exagéré de parler de célébration suite à une annonce de test positif aux substances interdites. Néanmoins, chaque annulation de combat qui en découle apporte un éclaircissement inattendu dans un sport souvent en proie aux scandales. En effet, le silence prolongé, loin d’être synonyme de discipline, peut évoquer une incompétence troublante plutôt qu’un choix éthique des boxeurs.
Chaque test positif envoie un message ambigu. D’une part, il souligne la méfiance intrinsèque qui entoure aujourd’hui les boxeurs. D’autre part, il révèle que le sport met en œuvre des mesures pour attraper les fraudeurs. Selon l’angle sous lequel on se place, l’annonce d’un test positif peut être perçue comme une source de désillusion ou un signe d’espoir.
Prenons l’exemple de Dennis McCann, qui a récemment été retiré d’un combat de super-coq contre Peter McGrail à la suite d’un test positif. Le premier sentiment qui prévaut lorsqu’une telle information émerge est, bien sûr, la déception. Pourtant, cette merasa également se transforme en un soulagement nauséeux : d’une part, McCann ne devait pas participer à ce combat, et d’autre part, les tests ont été rigoureux et efficaces, ce qui montre que le sport cherche à rectifier ses abus. Même si voir des combats potentiellement passionnants perdre de leur éclat est douloureux, il est crucial de se rappeler que maintenir l’intégrité du sport est primordial.
L’histoire regorge de combats ternis par la présence de drogue, créant des légendes bâties sur des succès obtenus dans des conditions douteuses. De nombreux champions célébrés ont souvent triché, prospérant à une époque où les contrôles anti-dopage étaient rudimentaires, laissant les plus malins échapper à la surveillance. Beaucoup d’ex-athlètes aujourd’hui, qui occupent des postes d’analystes et de commentateurs, passent pour des monuments d’intégrité tandis que leurs propres antécédents restent entachés.
Il ne peut être que désastreux de penser que certains de ces héros d’hier, ayant prospéré dans des limites floues, continuent à influencer le monde de la boxe. Si ces sportifs avaient été correctement testés, leur parcours aurait-il été le même ? Il est difficile de ne pas leur attribuer une part de responsabilité, mais il est tout aussi vrai qu’ils ont joué selon les règles de leur temps. Sous la pression, de nombreux boxeurs affirment invariablement : "Tout le monde le fait, alors ce serait stupide de ne pas le faire."
Pourtant, derrière cette façade, il y a une délicate danse avec la morale. Les excuses ne sont jamais officiellement reconnues – reconnaître un tel comportement serait une admission ouverte d’impropriété – mais beaucoup de boxeurs s’endorment la nuit en s’efforçant de justifier leurs actes. Les conditions d’un contrôle raté peuvent rapidement dégénérer en un labyrinthe où les termes comme "contamination" deviennent monnaie courante. Et après un long processus, comme par magie, deux ans passent et le boxeur revient sous les projecteurs.
Concernant McCann, l’avenir reste flou. Les détails de son échec sont encore vagues, seule certitude : il ne montera pas sur le ring à Riyad. Ce qui est connu, c’est qu’il a collaboré avec Dr Usman Sajjad, désormais tristement célèbre après que Conor Benn ait échoué à plusieurs tests en 2022. Dans un moment passablement ironique, Benn, à l’instar de McGrail, avait également tenu à afficher fièrement sa collaboration avec Dr Sajjad.
Avec le recul, l’audace de ces relations apparaît naïve, mais le besoin d’attention semble être une constante, tant pour les boxeurs que pour les médecins. Dr Sajjad lui-même ne se contente pas de partager des photographies. Il n’hésite pas à discuter sans retenue de la prévalence des substances améliorant les performances dans son domaine, s’exprimant même sur des podcasts à ce sujet.
« Vous devez vraiment être idiot pour échouer à un test de dépistage en Angleterre », déclare-t-il dans un podcast intitulé Quality Shot Boxing. « Les tests urinaires ne couvrent que les dernières 72 heures. En revanche, le test sanguin peut détecter des substances présentes depuis un mois. »
Ce qui intrigue, c’est cette facilité avec laquelle les boxeurs contournent les agences de dépistage. L’ironie de voir un médecin s’exprimer aussi ouvertement soulève des interrogations : quelle motivation l’a poussé à la transparence sur une procédure dont il prétend être sans association ? Était-ce un besoin d’attirer l’attention en ligne ou plutôt une volonté de prouver sa compétence?
Quoi qu’il en soit, cette interview a créé une notoriété autour d’un homme qui, auparavant, restait à l’ombre. Ses interactions avec Benn, Tyson Fury et d’autres boxeurs, prennent soudain une nouvelle dimension. Aujourd’hui, lorsqu’un boxeur ayant des liens avec lui se retrouve dans la tourmente, c’est souvent vers ce médecin que le regard se tourne.
Et pourtant, aussi contradictoire que cela puisse paraître, la boxe a peut-être besoin de plus d’« idiots ». En mettant en lumière ces excès, on stimule une interrogation collective permettant de faire progresser le sport vers une meilleure intégrité.